Demain, une Assemblée Nationale composée à 100% de députés fonctionnaires ?

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Par Laure De Charette Modifié le 11 avril 2013 à 5h31

Agriculteur, vétérinaire, ingénieur, artisan, dentiste, passe encore. Avocat d'affaires, chef d'entreprise, expert-comptable, niet ? Et chirurgien esthétique ?! Après le non-cumul des mandats, le non-cumul des responsabilités. François Hollande a décrété hier, dans le cadre de son discours sur la moralisation de la vie politique, que « certaines » professions allaient être interdites aux députés « par la loi », afin d'éviter les conflits d'intérêt. Quelles professions ? On ne sait pas encore... Il a simplement distingué par exemple les médecins « qui soignent » et ceux qui « travaillent pour les laboratoires », comme si l'un n'empêchait pas l'autre.

Dans la foulée de l'affaire Jérôme Cahuzac, mis en cause parce qu'il était ministre bien plus que parce qu'il était député, les parlementaires se retrouvent à présent dans le collimateur du gouvernement. Effet collatéral ! Leur mandat serait dans certains cas incompatible avec leur métier. Ils devraient donc à terme choisir entre leur siège dans l'hémicycle et leur job.

Actuellement, sur les 577 députés, plus d'un tiers (195) sont fonctionnaires ou employés du secteur public -parmi eux se trouvent notamment 39 enseignants. Les autres ont pour la plupart une profession dans le secteur privé (plus de 80 étant retraités ou sans profession déclarée), mais globalement, les personnes issues du monde l'entreprise sont sous-représentées. Quelques exemples : Xavier Bertrand est agent d'assurances, Christian Jacob est, comme treize autres élus, agriculteur propriétaire exploitant, Jean-Louis Borloo, Gilbert Collard et François Baroin sont avocats (comme 32 autres de leurs pairs). Bernard Debré est chirurgien, Denis Baupin ingénieur, Noël Mamère journaliste, Charles de Courson magistrat. Et on trouve même un homme de lettres et artiste, en la personne d'Hervé Féron !

Mais de nombreuses voix s'élèvent déjà pour alerter sur les dangers d'une Assemblée qui ne compterait plus dans ses rangs que des fonctionnaires et des employés du secteur public, et plus de salariés du privé, d'entrepreneurs, d'artisans, de commerçants, qui constituent eux aussi, en politique comme dans la société, les forces vives de la nation. « Comment est-ce qu'on représente correctement la nation si on interdit que soient représentés à l'Assemblée les entrepreneurs, les commerçants, les artisans, les avocats... » a estimé Jean-François Copé, lui-même avocat d'affaires. De fait, on se demande quelle serait encore la légitimité d'une Assemblée non représentative des Français ? Composée de catégories socioprofessionnelles identiques, à l'heure de la diversité proclamée ?

En outre, serait-il juste de demander à certains –issus des secteurs du privé- de renoncer temporairement ou définitivement à leur profession, quand d'autres –issus du public- pourraient garder leur poste en parallèle, c'est-à-dire à la fois leur activité, leurs responsabilités et leur gagne-pain ?!

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.