Les nouvelles règles de l'Union Européenne obligent les pays membres à intégrer, dans le calcul de la richesse nationale, les estimations concernant les activités illégales telles que le trafic de drogue ou encore la prostitution. Mais l'Insee et le gouvernement ne veulent pas se plier aux nouvelles règles, surtout au niveau de la prostitution.
L'Insee ne va pas changer les règles de calcul
Normalement les pays membres de l'Union Européenne devraient, dès septembre 2014, intégrer ces activités illégales dans le calcul de la richesse du pays, notamment de sorte à se mettre au niveau des pays où ses activités sont légales comme les Pays-Bas, qui autorise la consommation de cannabis et la prostitution, ou encore l'Allemagne où la prostitution est autorisée.
Plusieurs pays ont déjà annoncé qu'ils allaient suivre les indications d'Eurostat parmi lesquels la Belgique et l'Espagne. Selon de nombreuses statistiques, ces activités illégales représenteraient plusieurs milliards d'euros.
Le Royaume-Uni, par exemple, estime les revenus de drogue et prostitution (activités illégales dans les pays) à près de 12,3 milliards d'euros. Et ce n'est pas étonnant quand on pense que le chiffre d'affaires de la mafia calabraise, l'Ndrangheta, est estimé à près de 57 milliards de dollars par an dans le monde.
La drogue oui, la prostitution non
L'Insee a toutefois fait savoir que dans son prochain calcul du PIB de la France, la drogue serait intégrée « pour les besoins de la politique européenne ». Toutefois, l'Insee précise que « Dans le trafic de drogue, ce qu'on a longtemps défendu est l'argument selon lequel il y a une dépendance et donc la personne qui se drogue ne consent pas librement à l'échange ».
Par contre, concernant la prostitution, c'est une autre histoire. Si d'un côté « Tout ce qui est de la prostitution discrète, c'est-à-dire de la prostitution qui se cache derrière d'autres activités, on considère qu'on le prend déjà en compte » précise l'Insee, la question de la « prostitution de rue » fait des remous qui remontent même au sein du gouvernement.
Ainsi, la ministre des femmes Najat Vallaud-Belkacem et la ministre de l'Intérieur belge Joëlle Miquet ont envoyé une lettre à la Commission européenne où elles critiquent fortement cette décision : « La prostitution n'est pas une activité commerciale librement consentie. Croire qu'elle puisse l'être est un parti pris idéologique, c'est un mirage et une offense aux millions de victimes de l'exploitation sexuelle à travers le monde » ce qui n'a toutefois pas empêché la Belgique de l'intégrer dans ses nouvelles règles de calcul.
Pour l'Insee, « le critère de consentement mutuel n'est probablement pas vérifié » étant donné que ce sont surtout des réseaux mafieux qui gèrent la prostitution. L'Institut ne va donc pas intégrer ce paramètre dans le calcul du PIB.