Depuis que Joe Biden en mars 2021 a mis en place le deuxième plan de relance de 1 900 milliards après celui de 900 milliards en décembre 2020, les économistes, y compris Janet Yellen, la secrétaire au trésor américain se sont interrogés de suite sur les conséquences inflationnistes de ces massives injections d'argent. Ils avaient en partie raison puisque l'inflation aux USA vient déjà d'atteindre en juin les 5%.
Ce premier plan de relance en prenant un coefficient multiplicateur de 0,3%, était nécessaire pour combler une perte de production due à la pandémie. Mais pour le deuxième plan avec un coefficient de 1, la demande générée se trouve beaucoup plus importante. Les deux réunies ne pouvaient que produire une demande forte et consécutive, qui combinées avec des difficultés immédiates de production ne pouvaient déboucher que sur des hausses de prix, en premier des matières premières, puis de production et en finale à la consommation.
Ce qui peut amplifier le problème, c'est que les Etats-Unis n'ont pas été les seuls, puisque presque tous les pays ont injecté des doses massives d'argent pour faire survivre leur économie, pérenniser les entreprises, éviter les fermetures et minimiser la hausse du chômage.
En matière d'inflation, la France a connu depuis des décennies des taux très fluctuants et même avec des sommets et taux négatifs extrêmes.
Pendant la crise et la très forte récession de 1931 à 1935, les taux négatifs ont évolué entre - 4,5 et - 8,5%.
Pendant la derrière guerre de 1940 à 1944 le taux moyen d'inflation se situait à environ + 20%.
Comment pouvaient vivre les français avec un taux d'inflation très élevé, ses inconvénients et avantages ?
Entre 1945 et 1948, l'inflation était à son comble avec un taux supérieur à + 52 % par année !
De 1949 à 1952, elle s'est résorbée tout en étant encore élevée avec une moyenne de 12,8%.
Puis s'en est suivi une période de plus faible inflation de 1953 à 1972 à 3,1% avec un - 1,7% en 53 ! et un +15,3 % en 58 ! Suivi d'une autre envolée pendant 12 années à près de 11% en moyenne avec une pointe à 13 ,68% ! Puis depuis 1985 et surtout 1986, l'inflation s'est résorbée aux alentours de 3% jusqu'en 1991, puis sous les 2% et moins jusqu'à nos jours (2020), avec même un 0% en 2015.
La jeune génération qui n'a pas connu d'inflation depuis plus de trente ans devrait être très surprise si celle-ci dépassait simplement les 5% !
L'inflation se traduit par une hausse généralisée, auto-entretenue, durable et plus ou moins importante des prix. C'est un phénomène macro-économique mettant en jeu l'interdépendance entre toutes les parties et tous les mécanismes de l'économie.
Avantages et inconvénients de l'inflation
En France, l'inflation est mesurée par l'INSEE qui reflète mois par mois l'évolution d'ensemble des prix à la consommation. C'est un indice qui est calculé sur la base de 295 postes représentant l'ensemble des ménages.
Il existe plusieurs types d'inflation :
- Par la demande
- Par les coûts
- Par la monnaie
- Par les structures économiques et sociales
- Importée
- La dépréciation de la monnaie
Les effets positifs :
Elle allège la dette des débiteurs, le plus évident c'est l'emprunt pour l'achat d'un logement. C'est dans la fin des années 60 que les emprunteurs immobiliers avec des taux bas, ont réalisé la meilleure opération puisque l'inflation s'est envolée en grande partie au-dessus de 10 % jusqu'en 1985.
Elle profite aussi à ceux qui bénéficient de revenus indexés sur l'inflation.
Les entreprises voient leur chiffre d'affaire augmenter. Elle masque la baisse du pouvoir d'achat, ce qui maintient la paix sociale.
Exemple ; Le taux d'intérêt du Livret A est monté jusqu'à 8,5 % en 1982, alors que l'inflation se situait à 11,8%. En apparence les titulaires pensaient avoir réalisé une très bonne opération. Il en a été de même en 1980 alors que l'inflation était au plus haut à 13,6 % et le livret à 7,3%, ils ont perdu dans l'année 6,3 %.
A l'inverse en 2020, l'inflation était à 0,2 % et le livret à 0,5 %, soit un gain de 0,3 %, alors que beaucoup de titulaires se plaignaient d'un taux bien trop bas !
Les effets négatifs :
Le premier critère le plus important, c'est la baisse du pouvoir d'achat et donc du niveau de vie. En 1981, 82 et 83, l'inflation très élevée due en partie à des cadeaux électoraux, y compris du SMIG qui a augmenté de plus de 21%, a provoqué trois dévaluations. Résultat, un déficit en deux ans multiplié par quatre, une dette qui explose à 16 % puis 20 % avec une augmentation des dépenses publiques de 27,5 % !!!
L'inflation pénalise également le commerce extérieur en rendant les produits plus chers à l'étranger. Elle entraîne aussi des taux d'intérêts élevés qui n'incitent pas les ménages au crédit à la consommation.
L'inflation résultant d'un déséquilibre entre une demande trop forte par rapport à une offre à un prix donné, fait grimper les prix et a comme conséquence de décourager la consommation.
Par contre, si une cause isolée est à l'origine de la hausse de l'indice général des prix, on ne parlera pas d'inflation mais de tensions sur les prix ou de pressions inflationnistes.
La diminution des ressources des titulaires de revenus fixes (créanciers, épargnants), puisque les taux d'intérêt qui les rémunèrent sont devenus inférieurs à l'inflation, peut provoquer une crise sociale lorsque les salaires ne suivent pas.
Une autre cause de fin de Covid qui s'est accentuée, c'est le manque de personnel. Presque toutes les professions sont concernées, sauf peut-être l'encadrement et encore. Dans l'agriculture, les commerces, notamment la restauration, les petites et moyennes entreprises sont presque toutes en recherche de personnel qualifié ou non.
C'est impensable, alors que le nombre d'inscrits à pôle emploi s'élève à plus de 6 millions et que le nombre de familles bénéficiant du RSA a dépassé les 2 millions, certains y étant depuis de très longues années ! Des salaires plus élevés proposés pour attirer les candidatures déboucheront sur des tarifs et produits plus élevés.
Avec la crise Covid, le lâcher prise des gouvernements sur les finances, les particuliers qui ont accumulé jusqu'à 25 milliards d'euros par mois, peuvent déclencher en France et en Europe un démarrage d'inflation qu'il est difficile d'appréhender tant dans sa rapidité que dans son intensité et même dans sa durée. Les banques centrales, nos gouvernants sauront-ils ou pourront-ils maîtriser un taux acceptable pour la majorité de nos concitoyens ? Avec l'inflation, il y aura toujours des gagnants et des perdants et parfois les deux en même temps.