Là-bas aussi, les inégalités se creusent avec la crise. Jamais elles n'y ont été aussi importantes depuis les années 1920. Aux Etats-Unis, le patrimoine moyen des 7% d'Américains les plus riches –ils sont 8 millions à posséder plus de 836 000 dollars- a augmenté entre 2009 et 2011 de 28%, passant à près de 3,2 millions de dollars, comme le révèle Business Insider qui cite une étude menée par Pew Research. Les autres, c'est-à-dire l'immense majorité des ménages américains, a en revanche vu son patrimoine baisser. Précisément, de 4%. En moyenne, ils possédaient donc en 2011 moins de 134 000 dollars. Soit 24 fois moins que leurs concitoyens aisés ! Le magazine résume cela d'une formule assassine : les Etats-Unis comptent désormais « 3 millions de seigneurs et 300 millions de serfs ».
Et la cascade de chiffres faisant froid dans le dos continue : les 8 millions d'Américains les plus riches, qui ne représentent donc que 7% de la population totale, possédaient à eux seuls en 2011 non plus 56% de la richesse du pays, comme en 2009, mais 63% ! A titre de comparaison, en France, les 10% de ménages les mieux dotés ne concentrent « que » 48% de la masse totale de patrimoine brut.
La raison ? Les riches possèdent surtout des actions en bourse, quand les autres possèdent surtout des biens immobiliers. Les premières n'ont cessé de grimper - en seulement deux ans, le S&P500, l'indice de référence des grandes valeurs américaines, a gagné 6,2 milliards de dollars de capitalisation boursière ; rien que depuis le 1er janvier, il a augmenté de 9%-, tandis que le prix de la pierre s'est effondré de 25% à 30 % en raison de la crise immobilière.
Loin de s'en réjouir, les Américains fortunés devraient s'inquiéter de cette évolution : à force de s'appauvrir, les ménages américains consomment moins, et cela va avoir des conséquences sur les résultats des entreprises américaines, et donc sur la bourse, et donc in fine, sur leur propre portefeuille.