L’inéluctable effet récessif des 50 milliards d’économies de dépenses publiques

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 23 juin 2014 à 6h16

On le sait depuis longtemps puisqu'on ne cesse de le répéter : le gouvernement veut faire 50 milliards d'euros d'économies d'ici 2017 afin de relancer la France. Une bonne idée... si ces économies n'avaient pas pour effets secondaires la destruction d'emplois et une baisse de la croissance. Des effets qui ne seraient pas complètement compensés par le Pacte de Responsabilité, d'après Bercy.

La réduction des dépenses publiques aura-t-elle un effet pervers ?

C'est la rapporteure générale du Budget, Valérie Rabault, qui sonne l'alarme et met en garde le gouvernement : la réduction des dépenses va détruire des emplois et réduire la croissance de la France. Et si c'est Bercy qui le dit, on a quelques raisons d'y croire.

D'autant plus que les calculs sont précis : réduire de 50 milliards d'euros les dépenses de l'état entraînera la destruction de 250 000 emplois et « un impact négatif sur la croissance de 0,7% par an en moyenne ». Plus de mal que de bien, donc ?

Le Pacte de Responsabilité couvre (un peu) les arrières du projet

Valérie Rabault, dans son rapport, considère toutefois que le Pacte de Responsabilité signé entre le gouvernement et les entreprises permettra de compenser en partie cette destruction d'emplois et cette baisse de croissance. Mais seulement en partie

Le Pacte de Responsabilité devrait créer 190 000 emplois et apporter 0,6% de croissance par an à la France à l'horizon de 2017. Pas si mal, au fond, mais le résultat total est négatif.

Malgré le Pacte de Responsabilité, au total ce seront 60 000 emplois et 0,1 point de croissance en moins par an d'ici 2017. Aïe.

Les ménages les plus modestes sont les plus concernés

Valérie Rabault prévient donc le gouvernement dans ce rapport : « il ne faut pas hypothéquer la reprise ». Toutefois, elle estime que la réduction du budget est nécessaire car son impact sera à moyen et long terme.

Mais moyen et long terme sont des termes qui ne concernent pas la consommation. Les foyers les plus modestes seront en effet touchés par différentes mesures de cette volonté de réduire les dépenses mais cela aura un impact direct sur leurs ressources.

Pour Valérie Rabault, il y a là un risque... surtout que cet impact ne sera pas « totalement compensé par les mesures de bas de barème de l'impôt sur le revenu ».

En somme, alors que Bercy prévoit 2,25% de croissance en 2016 et 2017 (comme objectif) et que le gouvernement continue de vouloir baisser le nombre de chômeurs dans le pays (sans y parvenir), la prise de risque est énorme. Nécessaire, peut-être, mais énorme.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio