D’après une étude, l’immigration familiale a un effet positif sur la croissance du PIB en France

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Par Laure De Charette Modifié le 9 avril 2013 à 5h21

N'en déplaise aux mauvaises langues qui pensent que l'arrivée d'étrangers en France vide un peu plus les caisses de l'Etat, une étude menée par trois économistes prouve tout le contraire ! L'immigration d'origine familiale, considérée par l'ancienne majorité de droite comme « subie » (et non « choisie » comme avec l'arrivée de travailleurs venus pour des raisons économiques) a stimulé la croissance entre 1994 et 2008, selon une étude publiée par le magazine Enjeux Les échos, qui juge ses résultats "on ne peut plus probants".

A la veille du débat qui doit s'ouvrir sur l'immigration professionnelle et étudiante fin avril au Parlement, Hippolyte d'Albis, Ekrame Boubtane et Dramane Coulibaly ont croisé sans « a priori » les chiffres de l'immigration permanente (les cartes de séjour d'au moins un an délivrées chaque année) et le PIB par habitant. Ils ont ensuite affiné leurs résultats selon les motifs d'immigration (familiale, économique...).

Résultat : pendant cette période, le taux de migration (nombre de migrants rapporté à la population totale) a augmenté de 1%, et le PIB par habitant a lui aussi augmenté d'environ 5 euros par personne et par an. A l'unité, cette somme peut sembler faible, mais multipliée par les 67 millions d'habitants de l'Hexagone, on obtient un gain supérieur à 300  millions d'euros par an.

Précisément, si l'impact de l'immigration économique est « non significatif » (elle est par ailleurs très faible : moins de 17 000 nouveaux titres de séjour ont été délivrés en 2012), il est très clairement « positif » pour les immigrés venus rejoindre un conjoint ou un parent. Or 50% des étrangers arrivent en France pour des raisons familiales.

L'explication ? D'après Hippolyte d'Albis, prix du jeune économiste 2012 et professeur à Paris I, « le plus étonnant a été de trouver un impact positif pour cette immigration familiale, composée en grande partie de femmes d'Afrique noire ou subsaharienne ». « Elles occupent des emplois de gardes d'enfants ou de femmes de ménages et libèrent de ces contraintes domestiques des femmes autochtones plus qualifiées qui peuvent aller sur le marché du travail ».

Cette étude n'a pas manqué de provoquer plusieurs réactions. Interrogés par Les Echos, Jean-François Copé (UMP) estime que « l'échec de l'intégration et le développement du communautarisme ont sur le long terme un coût très supérieur aux 300 millions d'euros de hausse du PIB », Marine Le Pen (FN) pense que « toute immigration supplémentaire dans un pays qui compte déjà des millions de chômeurs et de pauvres alourdit mécaniquement la facture sociale », tandis que David Assouline, porte-parole du Parti Socialiste, juge que « cette étude montre que l'immigration légale n'est pas un poids pour l'économie, mais un moteur de croissance » et que par conséquent « les accusations d'assistanat et de bénéfice massif des prestations sociales » sont infondées.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.