« Les boat people sont repêchés au large de l'île de Lampedusa. »
FAUX. La plupart des boat people appellent au secours ou sont repérés par des marins sur des cargos ou par des pêcheurs à environ 50 km au large de la Libye. Des gardes-côtes viennent alors de Lampedusa, à 200 ou 250 km de là, pour tenter de les récupérer. Certaines embarcations, des barcasses ou des canots pneumatiques, coulent avant, surtout par mer agitée. Quatre ont sombré les 7 et 8 février : environ 330 passagers sont morts, selon des survivants.
Les bateaux parviennent rarement jusqu'à l'île et nombreux sont les migrants ne sachant pas nager. Le 3 octobre 2013, 366 personnes ont ainsi péri, à quelques centaines de mètres d'une crique de Lampedusa. Après ce drame, le gouvernement italien a mis en place une mission de surveillance et de sauvetage en mer, baptisée « Mare Nostrum ». Entre octobre 2013 et octobre 2014, elle est venue en aide à plus de 150 000 hommes, femmes et enfants. La mission européenne Triton a pris le relais, en novembre dernier.
« Les boat people viennent tous de pays en guerre (Libye, Irak, Syrie). »
FAUX. En 2014 et 2015, la plupart viennent de pays de l'est de l'Afrique : Érythrée, Somalie, Soudan et Darfour. D'autres arrivent du Mali, du Nigeria, de Gambie et de Palestine, beaucoup, de Syrie. Dans des régions de ces pays, comme la Somalie ou le Mali, des terroristes islamistes font régner la terreur. Peu de boat people viennent d'Irak, de Libye, de Tunisie, d'Égypte ou d'Algérie.
« Les boat people sont des clandestins. » FAUX.
La plupart sont des réfugiés : ils ont le droit de trouver asile dans le pays d'Europe où ils se réfugient. Ils viennent de pays où ils n'ont pas pu demander le droit d'asile. Soit parce qu'il n'y a pas d'ambassade de pays européens, soit parce qu'ils ont peur de s'y rendre : terrorisés, ils craignent d'être envoyés en prison ou pire. L'Érythrée, par exemple, est l'un des régimes les plus fermés du monde et compte au moins 10 000 prisonniers politiques, détenus dans « des conditions inimaginables », selon Amnesty International.
« Les boat people viennent vivre en Italie. » FAUX.
Beaucoup veulent vivre en Allemagne, en Scandinavie, en Grande-Bretagne... Ils y ont souvent de la famille ou des amis ; ils savent que ces pays sont les plus accueillants et ont le plus d'offres d'emploi. Parmi les boat people pris en charge en Italie, on estime qu'un tiers sont reconduits, un tiers, acceptés comme réfugiés et un tiers s'enfuient en Italie ou ailleurs. Les réfugiés mineurs peuvent rejoindre le pays de leur choix. Souvent, ils restent en Italie pour aller à l'école et apprendre un métier. Ceux de 18 ans et plus deviennent réfugiés dans le pays où ils arrivent et où sont prises leurs empreintes digitales (s'ils acceptent de les donner), donc, dans ce cas, en Italie.
« Les boat people sont seuls au monde. » FAUX.
Souvent, ils ont un parent, un ami ou un ami d'ami dans le pays d'Europe qu'ils veulent rejoindre. Ce contact a servi d'exemple pour le périple, il a ouvert la voie vers une vie meilleure. Pour Abdi, 15 ans, il s'agit d'un beau-frère en Norvège ; pour Ayaan, 16 ans, un frère en Allemagne ; pour Saihan, 17 ans, un ami en Italie. Tous trois viennent de Somalie et rêvent d'aider leur famille restée en Afrique. Le plus souvent, leur famille a rassemblé les fonds pour payer le voyage. C'est elle qui envoie les petits, entre 9 et 12 ans, travailler en Europe, ignorant que c'est interdit. Sur place, les boat people en fuite sont guidés, parfois hébergés par des passeurs de même nationalité, qui leur vendront faux passeport et billets d'avion.
C'EST QUI ? C'EST QUOI ?
UNHCR
Office du Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, créé en 1950. But : garantir que toute personne puisse exercer le droit de chercher asile et de trouver un refuge sûr dans un autre État, avec pour option de retourner chez elle s'il elle le veut, de s'intégrer sur place ou de se réinstaller dans un autre pays.
Boat people
Terme construit à partir des mots anglais boat, « bateau », et people, « gens ». Dans les pays où l'émigration est interdite, migrant qui s'enfuit par mer sur une embarcation de fortune.
Lampedusa
Île italienne de 20 km2 et 6 000 habitants, à 200 km au sud de la Sicile, entre la Tunisie et l'île de Malte. Point le plus au sud du territoire italien, il est proche de l'Afrique, ce qui en fait une « porte d'accès » pour l'Europe aux yeux de nombreux migrants fuyant la guerre, la violence ou la famine. Près de 170 000 d'entre eux y ont été pris en charge en 2014.
Cet article est extrait de l'Eco, hebdo destiné aux 12-16 ans.
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