Hyperconnectivité et stress au travail : une question de machisme ?

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Par Stéphane de Jotemps Modifié le 6 juillet 2020 à 6h22
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cc/unsplash - © Economie Matin
16%En 2018, 16% des salariés ont sollicité un arrêt de travail pour des raisons autres que la santé.

Les nouvelles technologies ont su tisser des liens étroits entre les salariés et leur environnement professionnel. Bien que ces dernières années, des campagnes très médiatisées aient renforcé la sensibilisation aux questions de santé au travail, il semblerait qu’il existe malgré tout un certain décalage entre ce qui est dit et ce qui est réellement mis en place pour soutenir les salariés.

Selon une étude intitulée « Les Français et le stress » menée par OpinionWay en mai 2019, 38% des salariés considèrent que leur travail les a rendus malheureux au cours des six derniers mois. Principaux responsables : l’encadrement et la charge de travail. Selon une autre étude d'ADP (Automatic Data Processing), les Français demeurent même parmi les salariés les plus stressés, avec pratiquement 1 répondant sur 5 (19%) qui subit un stress quotidien au travail. Mais quelle est la cause de ce stress au travail et quels sont les moyens d’y remédier ?

Vers un déséquilibre vie-travai

Les outils collaboratifs ont bouleversé la manière de coopérer au travail, au détriment parfois d'une dimension essentielle au bien-être. Trop souvent, les comportements qui ne favorisent pas un équilibre vie-travail sain sont mis en avant. Travailler de longues heures, être disponible 24h/24 et 7j/7 et ne jamais éteindre le téléphone sont devenus des normes de travail culturelles bien établies ces dernières années.

Ne pas planifier la prise de congés est un autre comportement toxique qui alimente le stress au travail. Malgré le « droit à la déconnexion » instauré par la loi, un grand nombre de salariés français restent connectés à leur travail pendant les vacances, notamment via leur messagerie professionnelle. Un moyen pour eux de se rassurer et d'anticiper le retour au travail.

Une tendance que confirme l’étude de l’agence d’intérim Qapa. Courant juin, une majorité de 62% déclarait ainsi « continuer à répondre à leurs appels ou bien à leurs emails professionnels pendant leur période de congés ». Un autre point que soulève cette même étude est la banalisation du phénomène. Loin de juger leur comportement marginal, 52% des interrogés pensent que leurs collègues sont tout aussi connectés. À croire que l'hyperconnectivité est devenue une norme.

Pourtant, travailler de longues heures n’est pas toujours synonyme de productivité. En effet, cela peut indiquer qu’il existe des problèmes dans la gestion de la charge de travail et la capacité à déléguer.

La sur-communication : un facteur de stress

L’utilisation professionnelle d’internet et de la téléphonie mobile a totalement chamboulé les pratiques de communication dans le monde du travail en floutant la frontière pourtant nette entre vie privée et vie professionnelle et en sur-sollicitant les salariés. Il est difficile de gérer un déluge quotidien de messages sur une multitude de canaux digitaux. Tout cela s’accumule à un défi multitâche, en particulier si l’on considère que l’employé moyen reçoit plus de 600 emails par semaine. Beaucoup parmi les Français ont désormais pris l’habitude de vérifier leurs smartphones en permanence. C’est un fardeau digital qui fait monter l’hormone du stress, altère la concentration, perturbe le sommeil et est une source majeure d’anxiété.

Le bien-être des employés est une responsabilité d'entreprise

Malgré l’augmentation du stress au travail, de nombreuses entreprises n’accordent toujours pas suffisamment d’attention au bien-être des employés. Selon une étude IFOP pour RH Securex, les arrêts de travail pour des raisons étrangères aux congés sont en hausse de deux points depuis un an. En 2018, 16% des salariés en ont notamment sollicité pour des raisons autres que la santé, notamment une absence de motivation ou une « fatigue mentale » liées au travail.

Les chefs d'entreprise, du conseil d'administration, sont responsables de l'évaluation de la conception des charges de travail, d'un soutien moral et de ressources adéquates aidant les employés à réduire le stress.

Les responsables hiérarchiques ont un rôle particulièrement crucial à jouer et sont contactés en premier par leurs employés en cas de situation stressante. Ils sont à même de savoir que les membres de leurs équipes consacrent un nombre d'heures excessif à leur travail ou ne parviennent pas à prendre leur congé dans sa totalité.

Les managers quant à eux doivent être capables de détecter les premiers signes de stress chez les employés. Ceux-ci peuvent inclure le manque de concentration, l’irritabilité ou des larmes. Dans ce cas ils prennent des mesures nécessaires pour déclencher un dialogue avec les ressources humaines.

Les entreprises les plus progressistes reconnaissent le fait que les employés puissent discuter de leurs problèmes de stress au travail. Au lieu de caractériser le stress comme quelque chose d’associé à la faiblesse, ils mettent en place des protocoles de bien-être au travail incluant des ressources, des conseils et une formation permettant de réduire l’absentéisme lié au stress et l’augmentation de la productivité. Augmenter le niveau de bien-être au travail n’a pas seulement un impact positif sur le plan commercial d’un point de vue productif. Il renforce également la marque employeur lorsqu'il s'agit de recruter et de conserver les meilleurs talents.

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Stéphane de Jotemps est VP Sales chez Skillsoft France.