Les élections présidentielles arrivent maintenant à grand pas. La campagne est officiellement lancée et chaque jour de nouvelles mesures sont annoncées par les candidats. Malheureusement les choses commencent assez mal. On ne parle pas des sujets de fonds et en particulier l’économie, le monde de demain, l’innovation et l’environnement.
La situation macroéconomique à laquelle vont être confrontés les candidats est essentielle pour adopter les bonnes politiques et faire émerger des marges de manoeuvre pour la politique économique. On ne résoudra certainement pas les problèmes de la France par une augmentation de 100 euros du SMIC ou une augmentation des impôts : il faut être bien plus ambitieux. Avec des niveaux mirobolants de taux de croissance, ce sont les marges de manœuvre de la politique économique qui devraient retrouvées.
Situation macroéconomique réelle : Pour poser le cadre d’une discussion sur les enjeux économiques de la présidentielle, il faut d’abord pouvoir se projeter. Au cours des 5 prochaines années, les candidats devront imaginer les réponses aux vrais défis : face à la fin très probable de la Pandémie en 2022, les candidats vont être confrontés à des niveaux de croissance économiques élevés. Les impacts économiques de la Pandémie liés aux variants semblent bien maîtrisés comme en atteste les indices des marchés financiers qui intègrent bien par anticipation ce type de craintes circonstanciées négatives. En effet, les économies paraissent préparées au télétravail et le « quoi qu’il en coute » ne fait qu’à peine peur. Si la persistance de l’inflation et des niveaux élevés de prix de l’énergie vont probablement perdurer, il faudra aussi compter sur une hausse des taux d’intérêt. La politique monétaire risque de se resserrer et donc restreindre aussi le crédit. L’utilisation de l’épargne des français sera aussi un enjeux majeur du niveau futur de la croissance, d’ailleurs d’après l’OFCE, en 2022, la conjoncture mondiale dépendra fortement de l’utilisation par les ménages de l’épargne Covid. Dans un scénario où 20% de ce surplus d’épargne est consommé, le croissance française serait de 6% en 2022, le chômage de 8,7%, la dette de 115% du PIB. Les investissements devraient repartir également dans la suite logique de 2021, mais il faudra sérieusement surveiller le solde du commerce extérieur. A l’échelle internationale il faudra sérieusement suivre et les pénuries d’énergie et le ralentissement de la croissance chinoise qui devrait indiscutablement nous amener à repenser notre place dans le monde économique mais aussi géopolitique car les tensions politiques restent bien présentes en particulier autour de Taiwan. Attention à ce qu’au sortir de la Pandémie, ce ne soit pas la crise de Taïwan qui nous guette.
A partir de là, il nous semble que la pire des solutions serait de croire qu’il faille augmenter les impôts. Les solutions devront être pensées de l’intérieur du système et certainement pas par des impôts en mode punitif à l’extérieur du système. Evidemment, l’impôt est la solution la plus facile surtout lorsque l’on est pessimiste sur la capacité de résilience de la France. Une réflexion sur l’égalité des chances par les processus managériaux et la refonte de certains d’entre eux me paraisse essentielle (liberté d’initiative et de créativité, principe d’entrainement collectif et leadership, redistribution pour les cas extrêmes). C’est par la responsabilité, la prise de conscience et l’intelligence que l’on résoudra une bonne partie de nos problèmes et il faudra intégrer à tous nos schémas deux nouveaux paramètres : le digital et l’environnement pour une nouvelle politique économique de l’Etat et une nouvelle politique managériale pour les entreprises (ce qu’on appelle les nouveaux paradigmes du management). Surtout, le potentiel de croissance explique pourquoi de formidables opportunités de refonte de la politique économique publique existent ainsi que l’émergence de nouveaux paradigmes managériaux dans l’hybridation du savoir.
L’hybridation
La renaissance de la politique économique publique et du management passe donc par l’internationalisation de la technologie et de l’environnement qui font cause commune et sont interdépendants.
Côté politique publique, l’hybridation permettra d’imaginer non seulement une réhabilitation de la politique économique publique par sa refonte autour des enjeux technologiques et environnementaux enfin internalisés dans tout un ensemble de sujets de gouvernance politique en les traitant non pas en silo mais de manière transversale.
Les entreprises quant à elles, devront être de la partie dans la politique de gouvernance et la politique managériale. Cela peut consister à placer la GPEC (Gestion des Parcours, des Emplois et des Compétences) au-dessous de tout, tout en insistant sur les formations aux métiers de demain et aux green jobs. Dans les universités, les formations en mathématique ou en histoire devront traiter de cas d’usage du monde de la technologie et de l’environnement. Il faudra des sous-thèmes dédiés à la technologie et l’environnement ainsi que ses interdépendances. Une façon de faire renaître tout cela c’est cette idée de refonder l’université par le prisme de l’hybridation des compétences ou toute formation serait dédiée à des cas d’usage propres aux technologies et à l’environnement. Les deux groupes sont suffisamment larges pour que chaque cas d’usage puisse être concerné. Faute de cela, le risque sera grand de sombrer dans une forme de totalitarisme technologique où la transformation économique, numérique et environnementale ne deviendrait plus un projet de société mais que l’affaire d’une minorité (Sachant qu’aujourd’hui pour le moins sur l’aspect environnemental, nous n’avons plus une minute à perdre sur la question).