Comme prévu dans l’un des scénarios extrêmes envisagés ces derniers jours, la Banque centrale européenne a remonté ses taux directeurs de 0,75 point. Cette hausse inédite pour l’Institution, témoignant de la nécessité de tenter de juguler ainsi l’inflation, tombe dans un contexte d’ores et déjà compliqué pour les acheteurs immobiliers. Malheureusement, elle devrait impacter encore davantage les taux de crédit déjà orientés à la hausse mais aussi limiter la production de crédits des banques en augmentant leur coût de refinancement et en les incitant à placer leur argent auprès de la BCE au lieu de le prêter.
Une hausse des taux directeurs inédite, non sans impact sur les taux de crédit immobilier
Comme prévu par certains économistes, la BCE a accéléré l’évolution de sa politique monétaire en procédant à une hausse de ses taux directeurs de 0,75 point, une remontée inédite, dans un contexte inflationniste préoccupant pour l’Institution. Objectif de la BCE : juguler la hausse des prix via une baisse des crédits accordés aux entreprises, aux particuliers et aux Etats.
Dans ce contexte, les futurs emprunteurs risquent d’être impactés à plusieurs niveaux par la politique monétaire de la BCE :
- Tout d’abord, via la hausse des taux d’emprunt d’Etat (OAT 10 ans) sur lesquels se basent les banques en partie pour déterminer leur taux fixes de crédit. L’OAT 10 ans a ainsi augmenté ces dernières semaines sous l’effet de l’anticipation par les marchés de ce virage pris par la BCE. Son taux atteint désormais 2,10 % contre 1 % en mai, et 0 en janvier 2022, soit un retour au niveau de 2014, à un moment ou les taux de crédit atteignaient 3,3 % !
- Via la hausse du taux de refinancement des banques passés de 0,5 % à 1,25 %, qui augmente le cout auquel les banques achètent l’argent qu’elles prêtent… Un cout qu’elles risquent de répercuter sur les taux de crédit. « Le taux de refinancement est aujourd’hui de retour à son niveau de 2011, à un moment où les taux de crédit atteignaient en moyenne 4,2 % sur 20 ans ! En outre, les euribors, taux de court terme qui servent de référence aux taux variables, sont fortement corrélés au taux de refinancement de la BCE, ce qui risque donc d’entrainer une hausse de ces taux, révisés chaque trimestre » analyse Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer.
- Enfin, via la hausse du taux de dépôt, taux auquel les banques sont rémunérées lorsqu’elles placent leur argent à la BCE au lieu de le prêter… Ce taux de dépôt, qui était négatif ces dernières année (-0,40 %) atteint désormais 0,75 %. Concrètement, alors que pour les banques, placer sans risque leurs réserves à la BCE représentait un cout pour elles lorsque les taux étaient négatifs, désormais cela leur rapporte de l’argent, ce qui pourrait les inciter à privilégier davantage les dépôts auprès de l’Institution au lieu de le prêter, avec un impact négatif à venir sur les volumes de crédit immobilier.
Bilan pour ceux qui ont un projet immobilier :
« Dans ce contexte de hausse de l’inflation compte tenu de l’évolution de la politique de la BCE, les taux de crédit immobilier devraient poursuivre leur remontée d’ici la fin de l’année avec des taux qui pourraient atteindre 2,5 % sur 25 ans… Si la remontée des taux d’usure le 1er octobre n’est pas suffisante, la situation de grippage du marché pourrait s’aggraver, d’autant que les banques risquent d’être davantage incitées à placer leur argent à la BCE plutôt que de le prêter. Nos conseils pour ceux qui ont un projet immobilier : bien préparer leur dossier en amont et être réactif pour emprunter avant que les taux ne remontent trop. Et pour ceux qui emprunteraient à taux variables, privilégier les taux mixtes, ou capés + 1, avec une hausse limitée à un point » conclut Julie Bachet.