Une question qui revient souvent dans mon courrier des lecteurs est comment réussir à ne pas payer d’impôts. J’ai voulu le titre de cet édito légèrement provoquant mais j’indique à la police de la pensée qu’en aucun cas je ne vais dévoiler ici des méthodes illégales ou non publiques pour échapper à l’impôt, C’est de l’humour… enfin presque !
Par exemple, tous ceux qui me lisent savent que j’ai un immense respect pour nos zélites, je propose donc de nous inspirer simplement des montages dont se serviraient certains des membres de la famille de nos ministres. Mais attention ! Il s’agit là de supputations, une enquête est en cours, je ne pourrai donc citer que quelques coupures virtuelles de presse… mais l’image apparaît clairement.
Accrochez-vous et allons-y !
Tout commence avec notre Saint-Bernard (Cazeneuve) chargé de ramener au bercail nos brebis fiscales égarées malencontreusement dans le brouillard des montagnes helvétiques (quel beau pays la Suisse).
Alors il est tout content ces derniers jours notre Saint-Bernard de Bercy car il a ramené dans son tonneau (des danaïdes ?) un peu de sous, environ 300 petits millions d’euros de repentis fiscaux.
Bon, en général, il s’agit de tout petits repentis, qui avaient un petit reliquat, en général d’une succession en Suisse. Ayant peur de faire partie des listes qui circulent sur les bureaux des juges et n’ayant pas envie de faire autant de garde à vue qu’un terroriste (je rappelle que désormais fraude fiscale et terrorisme, ce sont les mêmes méthodes d’enquête) ni d’aller croupir 10 ans en prison pour 100 000 euros, évidemment tous ces mini-évadés reviennent bien gentiment payer leur obole à l’autre chien de garde du troupeau de contribuables et s’achètent à bien peu de frais des nuits, douces, calmes et paisibles. Ils ont raison. À tous les minifraudeurs, rentrez-vite, ne dormez pas mal pour quelques milliers d’euros d’impôts, sur des sous dont vous ne pouvez pas en plus vous servir. Aucun intérêt.
Le Français étant malin comme un singe dès que l’on touche au bas de laine, il ne s’y est pas trompé et profite de l’aubaine. Dans les mailles du filet, cependant, aucun GROS poisson. Eux ont soit déjà rapatriés des fonds blanchis en bonne et due forme, soit leurs avoirs ont pris leur envol vers d’autres destinations comme Singapour, dernier lieu à la mode pour aller passer quelques jours en compagnie de son fric.
Le fils Fabius sans revenu achète à crédit un appart à plus de 7 millions d’euros !
Ben quoi, c’est normal non. Par exemple quand moi, le fils de mon père, je vais voir mon banquier pour acheter un appart de 7 millions d’euros et que je lui donne au moins une fiche de paie (pas comme le fils Fabius, lui, je précise revenu 0) de 2 000 euros par mois, eh bien le banquier il ne me dit pas non !
Non, il ne me dit pas non ! Ça vous en bouche un coin hein ! Il me dit très bien Monsieur et votre apport c’est combien ? Là je lui dis ben comme le fils Fabius… et alors là, il ne me dit toujours pas non ! Il se marre en riant très fort. Tellement fort que je pense qu’il se moque de moi. Eh bien c’est ça, il se fout de moi. « Mais mon brave Monsieur avec vos 2 000 euros par mois pour un crédit de 7 millions, il vous faudra une durée de 291 ans de crédit ! Hahahahahahaha ! Et encore, je n’ai même pas pris en compte les intérêts ! Houhouhouhouhouhouhou !
Vexé, je m’en vais. Je pensais que mon dossier, avec des revenus, était mieux que celui du fils de Fafa sans revenu… Des fois, la haute finance, c’est super difficile à comprendre.
Heureusement, Le Parisien est là. Tous les matins, sur le comptoir, avec Bernard. Évidemment, on se marre nous aussi la France d’en bas quand on lit Le Parisien (ça marche avec tous les journaux sauf Libé, Libé est en vente, mais plus personne ne lit Libé).
Bref, voici ce que disait un vieux numéro du Parisien (moi j’ai pas le droit d’écrire des trucs comme ça sinon je risque le procès et comme je n’ai pas une flèche ces derniers temps, eh bien faut que je fasse gaffe).
« Que découvrent les enquêteurs ? L’existence d’une société civile immobilière (SCI), dénommée Poopie Woopie, créée par une Néerlandaise, Irma S., et Thomas Fabius, par laquelle le jeune entrepreneur de 32 ans acquiert, en juin 2012, un somptueux appartement situé à Saint-Germain-des-Prés, dans le VIIe arrondissement de Paris. Prix d’achat : 7,4 M€. Ce logement, au plan en étoile, de 285 m², « sans perte de place », au dire d’un agent immobilier du quartier, avait appartenu au réalisateur Claude Zidi.
Or, les conditions d’achat sont obscures. D’où proviennent les 3,4 M€ apportés par Thomas Fabius, qui, l’an passé, n’a déclaré aucun revenu? Aurait-il bénéficié d’un coup de pouce familial ? Au cabinet de Laurent Fabius, interrogé par le journal Le Point, qui a révélé cette affaire, on assure que le fils du ministre « n’a bénéficié d’aucune dotation ou héritage familial ». Comment, alors, le jeune homme a-t-il pu obtenir un prêt de 4 M€ auprès de la banque italienne Monte dei Paschi ? Cerise sur le gâteau, ce prêt, remboursable à terme, n’engendre aucune mensualité jusqu’en 2022 ! Un moyen de réduire l’impôt, bien connu des agents immobiliers mais qui ne justifie pas l’apparente mansuétude du banquier. Il est alors permis de s’interroger sur l’existence éventuelle d’autres actifs servant de garantie, y compris à l’étranger.
Enfin, pourquoi Thomas Fabius a-t-il accepté de payer 26 000 € du mètre carré alors que les prix du quartier oscillent plutôt entre 15 000 et 17 000 € ? Contacté par notre journal, il n’a pas souhaité s’exprimer, affirmant toutefois que « travaillant dans l’immobilier, [il avait] vu des transactions à 55 000 € du m² quai Anatole-France (NDLR : à une encablure de l’appartement). » Mais sur l’origine des fonds, aucune explication. Tout comme sur le prix consenti alors que son appartement ne valait « que » 4,4 M€, en 2010, lorsqu’il fut acheté par sa précédente propriétaire, Béatrice D., l’une des héritières des distributeurs Mammouth et Attac.
« À ce prix-là, j’espère que la robinetterie est en or ! », s’exclame un agent immobilier du quartier, qui connaît bien l’appartement en question pour y avoir organisé des visites il y a quatre ans. « C’est un très bel immeuble. Sofia Coppola y a aussi un bien. Mais il n’y a pas de hauteur sous plafond, pas de terrasse, et, en 2010, tout était à refaire. Même avec des prestations haut de gamme, ce prix est exagéré », certifie-t-il. Selon les rares confidences du parquet, il serait, quoi qu’il arrive, « réducteur » de considérer que les investigations en cours se limitent à ce désormais célèbre appartement de Saint-Germain. »
Haaa les actifs servant de garantie à l’étranger… ben cela porte le nom de crédit lombard !
Et le crédit lombard c’est vieux comme le monde… enfin presque. Et tous ceux qui ont deux sous de jugeotte et connaissent un peu les magouilles savent et connaissent le crédit lombard. Quand j’ai expliqué ça à Bernard au comptoir, il m’a regardé en me disant « ils nous prennent vraiment pour des cons… » Si peu lui-dis-je, si peu ! Bon, c’est normal que Bernard, garçon de café, ne connaisse pas le crédit lombard (sauf qu’à Bernard qui n’a pas fait d’étude mais qui sait très bien compter sa recette – un pour lui, un pour l’État –, il n’a fallu que quelques secondes pour piger tout l’intérêt du système) ! Pas comme notre Saint-Bernard qui fait semblant de ne pas savoir ce qui est de notoriété publique.
Par exemple, pendant que ces 15 000 mini-évadés fiscaux lui rapporte fort gentiment 300 millions d’euros et que l’autre tout fiérot passe à la télé le visage tout ravi, eh bien vous avez 30 000 Français nettement moins cons qui sont en train de faire du crédit lombard pour acheter des biens immobiliers en France pour plus de… 10 milliards d’euros ! Franchement, quelle poilade mes amis, on rigole tous les jours avec ces branquignols.
Pendant que Saint-Bernanrd est occupé à compter ses pièces jaunes, les autres passent sous sa truffe avec des chargements entiers de camions remplis de biftons… En fait, Saint-Bernard, on devrait plutôt l’appeler Rantanplan !
Alors je vous explique, on sait à peu près tout. On sait qui va à Singapour en avion avec son passeport et qui passe la douane… mais chut.
On sait que 30 000 Français moyens évadés fiscaux ramènent pour plus de 10 milliards en achats immobiliers financés par du crédit lombard mais chut.
On sait que les très très gros évadés fiscaux se sont repliés sur Singapour… mais chuuuuut. La lutte contre la fraude s’intensifie et évidemment on a puni plein de grands méchants pour 300 tout petits millions…
Le crédit lombard
C’est un article du magazine économique Suisse Bilan qui revient de façon très claire et très nette sur cette affaire de fraude fiscale. Je vous conseille de le lire pour votre culture personnelle. Les plus taquins d’entre vous n’hésiteront pas à envoyer le lien de cet article à Saint-Bernard et à Pierrot. C’est un peu insolent mais d’un autre côté, comme ils ont l’air d’avoir quelques lacunes techniques, autant leur filer un coup de main hein… Et puis comme ça, on fayote bien et on ne risque pas d’être condamné pour apologie de crime fiscal… Bref, je cite :
« Mais la vigilance des contrôleurs fiscaux français n’a d’égale que l’imagination des banquiers suisses : ceux-ci ont, selon Challenges, remis au goût du jour depuis plusieurs mois, une forme de crédit qui avait perdu de son attractivité ces dernières années : le crédit lombard. »
« Le principe est simple pour une personne en indélicatesse avec le fisc français : un client (contribuable français ayant un compte en Suisse évidemment) s’engage dans un projet immobilier en France. Pour financer cet investissement, il se tourne vers sa banque (de préférence une filiale d’un établissement suisse ou une banque française ayant une filiale en Suisse). Celle-ci lui octroie un prêt, mais en assortissant le contrat d’une double garantie : une hypothèque classique et une garantie hors livre, soit une garantie basée sur les avoirs en Suisse du client et consentie par la branche helvétique de l’établissement financier.
Jusque-là, la recette est simple, connue et ancestrale. Mais l’astuce intervient ensuite. Quelques mois après la signature du prêt, l’emprunteur n’honore pas ses échéances. Plutôt que de récupérer le bien via l’hypothèque, l’établissement bancaire français va se tourner vers son interlocuteur en Suisse et actionner la garantie hors livre : les fonds correspondants sont donc transférés de Genève, Zurich ou Neuchâtel vers Paris, Lyon ou Strasbourg. »
« Avec ce tour de passe-passe, la banque est gagnante de même que le client : la première prélève des frais à chaque procédure et transfert, tandis que le client rapatrie en toute discrétion ses avoirs de Suisse vers la France. Les frais bancaires restant extrêmement plus avantageux à régler que la note des services fiscaux. »
«En 5 ans, le nombre des Français qui y ont recours est passé de quelques centaines à plusieurs milliers. Cette année, c’est l’explosion : il devrait s’en signer entre 20 et 30 000, pour un montant global qui dépasserait la dizaine de milliards. »
Moi, lorsque je lis tout cela, franchement, je me marre… mais un peu jaune évidemment.
Comment échapper à l’impôt ?
Bon, mes amis, laissez tomber le compte en Suisse, ce n’est plus un bon plan et puis à Saint-Gapour, il paraît qu’on vous met en prison si vous jetez un papier par terre… Pires que les Suisses ceux-là. Plus l’argent est sale plus on aime la propreté… c’est sans doute les paradoxes humains.
Non, il faut faire dans le légal les amis. Toujours dans le légal et la résistance passive. Moi je suis un légaliste (d’un autre côté, je vais écrire autre chose hein… faut pas être débile non plus), et puis j’ai une femme et des enfants, et des crédits sur 30 ans… Forcément, cela assagit un homme.
Alors pour vivre légalement sans payer d’impôts, appliquer la procédure suivante :
1/ revendez tout ce que vous avez en France ;
2/ montez dans votre voiture ;
3/ roulez jusqu’au Portugal ;
4/ installez-vous ;
5/ profitez.
Eh oui mes amis, tous les étrangers qui s’installent au Portugal sont exonérés d’impôts sur le revenu. Pas belle la vie ? Ça c’est de la vraie, de la belle évasion fiscale, de la belle résistance passive. Ils ont voulu l’Europe et la libre-circulation des bidules des machins et des trucs… Eh bien votez avec vos pieds. Partez !
Bon, en ce qui me concerne, mes gosses ne veulent pas changer d’école, ma femme s’accroche aux copines de sa rue, donc je vais être obligé de rester encore un peu… et sans doute de payer beaucoup ! Mais croyez-moi, la nuit finira. Elle se termine toujours.
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!