Vers un Grexit ?

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Par Nicolas Tarnaud Publié le 10 juillet 2015 à 8h36
Grexit Decision Europe France Allemagne
@shutter - © Economie Matin
32 MILLIARDS ?La dette de la Grèce est de 320 milliards d'euros dont 32 milliards sont détenus par le FMI.

Avant le Grexit

L’économie grecque est en crise tandis que la politique au sein l’Union Européenne traverse une période compliquée. Quel que soit le résultat des négociations, ces dernières auront laissé des traces dans les deux camps. Depuis le référendum du dimanche 5 juillet, le Gexit est devenu l’un des mots clés les plus utilisés en Europe comme dans le reste du monde. Ce mot était présent dans les salles de marché depuis le début de la crise de 2009.

L’article 50 du mini traité Européen prévoit la sortie d’un pays de l’Union Européenne mais un départ de la zone euro n’a jamais été encadré. Le gouvernement d’Alexis Tispras n’a jamais eu l’intention de quitter l’Union Européenne. Néanmoins, il existe une vraie zone d’ombre dans un éventuel Grexit. Si Alexis Tsipras ne propose aucune réforme crédible et la Troika n’apporte aucune flexibilité sur l’allègement de la dette (320 milliards d’euros dont 32 milliards au FMI), nous nous dirigerons vers une voie sans issue. Si les parties ne s’accordent pas dans les prochaines heures, le Grexit s’imposera en douceur ou brutalement. Ces deux approches n’auraient pas les mêmes conséquences économiques, sociales et sociétales. Tous les pays n’auront pas le même poids dans le vote final. La voix de l’Allemagne et de la France sera prépondérante dans tous les cas. Berlin est plus que jamais décidé à pousser le gouvernement Tsipras à déréguler le marché du travail, réaliser des privatisations, réformer les retraites, augmenter la TVA avant de négocier l’éventuelle restructuration de la dette. L’Allemagne n’est pas prête aujourd’hui à accepter une décote classique de sa dette. Autrement dit, elle n’accepte pas aujoud’hui une révision du taux d’intérêt et de la maturité de la dette. Peut-elle moduler sa position dans les prochains jours ? Cette modulation dépendra du rôle des états membres de l’Union Européenne et du FMI. L’hypothèse du Grexit s’est développée avec le temps.

Le Grexit

Si aucun accord ne se conclut entre les parties, nous entrerons alors dans le Grexit. Dans un tel scénario, il y aurait deux possibilités : soit la dette serait en partie annulée, soit elle serait rééchelonnée sur de très nombreuses années à des taux bonifiés.

La BCE fermerait le robinet du crédit auprès des banques grecques. Néanmoins, elle continuerait d’assurer les liquidités financières nécessaires avant la mise en place de la nouvelle devise. Pour éviter la faillite de ces banques, la Grèce les financerait avec la drachme. Cette recapitalisation serait nécessaire pour ouvrir leur guichet aux clients. La Grèce procéderait de facto à la nationalisation des quatre principales banques : Alpha Bank, Banque du Pirée, Banque nationale de Grèce, Eurobank. Certaines banques pourraient fusionner entre elles. Quid des fusions sur l’emploi cher au gouvernement d’Alexis Tsipras ? Quelle que soit l’option retenue, les banques devront être recapitalisées. Par ailleurs, l’Europe ne devra pas rester dans la passivité. En effet, un plan d’aide humanitaire européen devra être mis en place rapidement afin d’approvisionner les stocks de médicaments des pharmacies et des hôpitaux grecs sans oublier l’approvisionnement en matières premières comme l’essence et le gaz. La Grèce cherchera de l’argent frais auprès de la Russie et de la Chine. Ces pays répondront présents au gouvernement Tsipras uniquement s’ils trouvent une contrepartie économique et/ou politique légitime.

Un plan B

La Grèce pourra trouver davantage d’indulgence auprès du Luxembourg, de la Belgique, de l’Espagne, de l’Italie, et de la France. Ces pays représentent 52% du PIB de la zone euro tandis que l’Allemagne avec les Pays-Bas, l’Autriche, la Finlande et de nombreux petits pays européens prônent un discours ferme envers le gouvernement d’Alexis Tsipras représentent quant à eux près de 46% du PIB de la zone euro. Il y a un donc un équilibre entre les pays européens en faveur d’une souplesse et ceux pronant la rigidité. Si Alexis Tsipras trouvait un accord de dernière minute avec les 18 membres de l’Union Européenne, cela signifierait que les mesures du gouvernement grec auraient été validées par l’Europe. Ces mesures concerneraient la lutte contre les « cartels », la fraude fiscale et la modernisation de l’État. Elles permettraient d’économiser 12 milliards d’euros par an.

Cet accord permettrait de trouver un consensus immédiat entre la Grèce et l’Union Européenne. Il n’y aurait ni vainqueur, ni vaincu mais de nombreuses interrogations porteraient sur l’avenir de l’Europe. Celle-ci évoluerait ou disparaîtrait. Dans cet accord, la Troïka annulerait une partie de la dette grecque. Cette somme serait comprise entre 60 et 80 milliards d’euros sur les 320 milliards de dette. Faute de liquidités consécutives au contrôle des changes, le système bancaire grec deviendrait insolvable en très peu de temps. La Grèce recevrait une aide financière complémentaire immédiate dans le cadre du mécanisme européen de stabilité. Ce programme porterait sur les 2 ou 3 prochaines années. Quelle que soit l’option finale, il est nécessaire que la Grèce puisse maintenir les flux économiques de la saison touristique.

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Nicolas Tarnaud, FRICS, économiste, professeur à Financia Business School, chercheur associé au Larefi Université Bordeaux IV.