Jamais la Grèce n’a été aussi proche du défaut de paiement. Avec à la clef, le risque de sortir de l’euro, et peut-être même de l’Union Européenne. Pourquoi les choses s’accélèrent-elles soudainement ?
Argent frais contre réformes
Cela fait cinq ans que la Grèce négocie avec ses créanciers, ceux à qui elle doit des milliards d’euros : le Fonds Monétaire International, l’Union Européenne et la Banque Centrale Européenne. Mais faute d’argent dans ses caisses, elle ne peut plus rembourser ses dettes. Elle demande même de nouveaux prêts, ne serait-ce que pour pouvoir payer ses fonctionnaires et ses retraités (car elle ne peut plus emprunter sur les marchés financiers depuis 2010).
Mais la troïka, lassée de verser au pot sans voir suffisamment d’argent en retour, a commencé à dire stop : elle veut de nouvelles réformes structurelles de l’économie grecque (notamment du système des retraites et de la TVA), afin d’optimiser ses chances de récupérer un jour ses picaillons.
Las, la nouvelle équipe au pouvoir, dont le Premier ministre Alexis Tsipras, taxe les réformes demandées de trop austères, et les jugent inacceptables, après les nombreux sacrifices déjà consentis par son peuple. D’où l’impasse actuelle !
Le référendum de la discorde
En début de week-end, alors que de nouvelles négociations de la dernière chance devaient avoir lieu, Alexis Tsipras a sorti du chapeau l’idée d’un référendum qui serait organisé le 5 juillet (soit cinq jours après l'expiration officielle du programme d'aide européen, trop tard donc) : il veut demander aux Grecs s’ils acceptent le nouveau plan d’aide, en échange de nouvelles réformes. Ce qui revient peu ou prou à leur demander s’ils veulent, ou non, conserver l’euro.
Mais les ministres des Finances de la zone euro se sont sentis trahis par cette annonce surprise.
D’autant que le Premier ministre grec appelle à voter "non" !
Vous ne voulez pas de notre aide ? Et bien vous ne l’aurez pas !, semble vouloir dire l’Eurogroupe, lassé des tergiversations incessantes, des fausses promesses et des coups d’éclat grecs.
Les banques grecques fermées aujourd'hui
Bref, la catastrophe annoncée pourrait bel et bien se produire demain : le 30 juin, la Grèce doit rembourser 1,6 milliard d'euros au FMI. Si elle n’y parvient pas, alors elle sera déclarée en défaut de paiement. Fini les aides ! Les responsables politiques grecs ont 24 heures pour changer d’avis et accepter la dernière main tendue (ou le "chantage" selon eux).
En attendant, dès ce matin, les banques grecques resteront fermées, de peur que tout le monde ne retire son épargne des comptes bancaires (si ce n’est pas déjà fait, près de 1 milliard d'euros ayant encore été retirés des guichets ce week-end, soit 30 fois plus que d’ordinaire !). Et les mouvements de capitaux vont être contrôlés. Objectif : éviter que trop de banques ne se retrouvent sans cash et doivent donc fermer.