C'est bien la première fois que la chancelière allemande exprime tout haut ce que beaucoup en Europe expriment tout bas. Alors qu'elle était fermement opposée à cette option lors des dernières négociations, Angela Merkel a donné hier une interview au Bild am Sonntag dans laquelle elle explique qu'en 2014 ou en 2015, c'est-à-dire après les élections législatives prévues en Allemagne, elle n'exclut pas une décote de la dette grecque. Y a-t-il de toute façon d'autres solutions ? Certains, y compris en Allemagne, estiment que c'est inéluctable.
A la question de savoir si elle comptait se pencher sur l'effacement de la dette d'Athènes, elle répond : « si la Grèce arrive un jour à s'en sortir avec ses recettes sans contracter de nouvelles dettes, alors on doit regarder et évaluer la situation ». Ce n'est donc plus un « Nein » ferme et définitif.
Mais au sein du pays, cette perspective ne fait pas l'unanimité, et ce faisant, Angela Merkel prend un gros risque politique à moins d'un an des élections législatives. Sans doute lance-t-elle un ballon d'essai pour voir comment réagissent l'opinion publique et l'opposition. Comme l'explique Le Figaro, les Allemands redoutent d'être aspirés dans le « puits sans fond grec ». Car évidemment, l'effacement de l'ardoise grecque aurait un coût, élevé, pour les Etats Européens, et a fortiori, pour les peuples. Et notamment pour le plus riche d'entre eux, le peuple allemand.
Comme le rappelle L'Expansion, les créanciers privés de la Grèce ont déjà accepté une forte décote sur leurs titres. Et il y a fort à parier que les pays membres de la zone euro doivent accepter des pertes sur la dette grecque s'ils veulent éviter un défaut de paiement, comme le prévoit le FMI. Parmi les scénarios évoqués, jusque dans la presse allemande, un effacement partiel de la dette grecque, qui permettrait de la ramener aux alentours de 70% du PIB, contre 124% prévus d'ici 2020.