Des transports en commun gratuits pour tous : c’est ce qu’appellent de leur voeux plusieurs élus de gauche dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche. Une révolution à venir qui n’est pas sans poser quelques questions d’ordre pratique et économique.
Un appel à « la révolution de la gratuité »
Portée par des porte-parole de premier plan de la gauche, comme Anne Hidalgo ou Martine Aubry, la tribune propose de rendre les transports en commun gratuits pour tous. L’idée n’est pas neuve : des villes comme Niort ou Dunkerque l’ont déjà mise en oeuvre. Plus récemment, Montpellier s’y est aussi essayée pour le weekend : une première pour une agglomération de plus de 300 000 habitants. Pour les signataires de la tribune, cela ne fait aucun doute : il s’agit « d’un succès populaire immédiat, une conquête sociale que personne n’imagine plus remettre en cause ». Audrey Pulvar, candidate du PS en Ile-de-France pour les élections régionales, en a même fait une des pierres angulaires de son programme.
Avant la révolution, des questions
Et pourtant, une telle mesure ne va pas de soi. Est-elle applicable partout ? « Sans modifier l’offre, le dispositif montpelliérain peut supporter une hausse de 20% de la fréquentation », estime Luc Egoumenides, directeur général des Transports de l’agglomération de Montpellier (TaM). Pas sûr que cela puisse être possible sur un réseau de transports déjà saturé comme l’est celui de l’Ile-de-France. Ce que ne manque pas de rappeler Valérie Pécresse, la présidente de la région : « Un rapport d'experts a démontré que la gratuité des transports en commun engorgerait les lignes déjà très chargées en incitant les piétons et les cyclistes à prendre davantage les métros et les bus, sans pour autant faire baisser la circulation automobile, ce qui est à l'opposé de ce que nous voulons faire ».
Il faut bien ensuite que quelqu’un paie pour la gratuité. D’où la question : qui financera une telle mesure ? D’autant qu’en Ile-de-France, le coût des transports est couvert à près de 30% par la vente des billets. Une part qui tombe à 15% pour Dunkerque ou Montpellier. Si les voyageurs ne paient plus, qui paiera pour financer les investissements nécessaires à la modernisation des réseaux de transport ? Réponse après les élections régionales.