Démarré en 2006, le conflit qui opposait les éditeurs francophones de quotidiens belges et Google pouvait faire penser, de loin, à la lutte qui opposa David contre Goliath.
Le différend aurait été résolu sur la base d'un accord "secret" signé le 7 décembre dernier. A l'origine, la contestation partait de trois groupes : Rossel, La Libre Belgique et L'Avenir. Ces derniers demandaient à Google le versement de droits d'auteurs pour l'utilisation d'une partie de leurs contenus, sur la plateforme Google Actualités, ainsi que pour les liens vers les pages "en cache" sur Google Recherche.
En dépit de points de vue diamétralement opposés, un accord aurait enfin été trouvé, après six ans de procédure judiciaire, et alors que l'affaire avait été récemment portée devant la Cour de cassation belge. Mais là, deux sons de cloche.
Un premier venu du Monde, qui a tiré le premier. Selon le quotidien, le géant américain accepterait de verser à ces éditeurs en colère une somme correspondant à 2 ou 3 % de leur chiffre d'affaires, soit environ plus de 5 millions d'euros dont une partie reviendrait aux journalistes grâce à l'entremise de la société des droits d'auteurs des journalistes.
Pour Google, en revanche, dont le communiqué est arrivé peu de temps après la publication de l'article du Monde, cet accord est destiné à "mettre fin aux procédures judiciaires" et "ne prévoit pas le paiement de redevances aux éditeurs et aux auteurs belges". Toujours selon Google, il s'agirait là d'un accord "innovant" construit autours de bons procédés d'échange de promotion, de Google pour les uns, des éditeurs belges pour l'autre. Ces derniers n'ont d'ailleurs pas été autorisés à s'exprimer sur la teneur de cet arrangement.
L'accord prévoit également une augmentation des revenus des éditeurs via des modèles premium (paywall et abonnement) et via des solutions publicitaires existantes comme AdSense et AdExchange. AdSense reverse déjà 7 milliards de dollars par an aux éditeurs de sites web dans le monde !
Quoi qu'il en soit, cet accord, qu'il y ait eu indemnisation, ou non, reste encore assez mystérieur. Cet accord intervient alors que les quotidiens français, réclament, eux aussi, une rémunération pour la publication de leurs contenus dans Google Actualités depuis le mois d'octobre dernier. Une mission a été confiée par le gouvernement à un expert, qui doit rendre son rapport dans les prochaines semaines. François Hollande a assuré que si un accord n'était pas trouvé, ce serait le Parlement qui trancherait.