La justice a donné raison, jeudi 28 mai, aux 852 anciens salariés de l’ancienne usine Amiens-Nord de Goodyear, qui avaient saisi le conseil des prud’hommes pour licenciement abusif.
Un motif de licenciement contestable
En janvier 2014, l’entreprise américaine de pneumatique avait décidé de fermer son usine d’Amiens-Nord, qui employait 1.143 personnes. À la suite de cette fermeture, 832 personnes s’étaient lancées dans une procédure d’envergure pour contester le motif du licenciement et demander réparation.
Me Rilov, avocat des plaignants, avait insisté durant l’audience sur le fait qu’à l’époque des licenciements pour raisons économiques, l’entreprise Goodyear avait dégagé des bénéfices mondiaux d’un montant de 1,7 millard de dollars. Me Rilov avait considéré cette affaire comme « emblématique du refus des ouvriers de se laisser écraser à l’occasion du démantèlement de leur outil de travail pendant que leur employeur réalise des profits colossaux ».
Une victoire juridique
Le conseil des prud’hommes a donc décidé jeudi 28 mai 2020 de condamner le géant américain pour « licenciement sans motif économique valide ». Une nouvelle accueillie comme une « énorme victoire » pour Me Rilov. L’avocat ajoute : « C’est le couronnement d’années de bataille et de lutte acharnée ». Pour certains ex-salariés, cette condamnation est presque plus importante que les indemnisations.
Pour les anciens salariés, c’est en effet une victoire énorme. Evelyne Becker, ex-déléguée CGT de l’entreprise et candidate à la mairie d’Amiens, s’était félicitée devant le tribunal : « je suis heureuse et fière de la victoire obtenue aujourd’hui ». Elle ajoute que si cette victoire ne redonnera pas leur emploi au salariés, il s’agissait « d’une victoire qui nous rend notre dignité face à une multinationale qui nous a méprisés et humiliés ».
Le représentant de Goodyear aux prud’hommes a fait savoir que l’entreprise avait pris connaissance de la décision de justice, tout en indiquant qu’elle se réservait « le droit de faire appel ».