Épais brouillard sur Getlink, le continent est isolé !

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Par Rédacteur Modifié le 26 juillet 2021 à 14h58
Eurostar Sauvetage Sncf 1
@shutter - © Economie Matin
113 MILLIONS €Getlink a perdu 113 millions d'euros en 2020.

Le groupe Getlink, qui exploite le tunnel sous la Manche, a enregistré d’importantes pertes financières au premier semestre 2021. La crise sanitaire et le Brexit sont passés par là.

En cette période de double crise sanitaire et économique, l’optimisme à toute épreuve de certains chefs d’entreprise peut surprendre. C’est notamment le cas de Yann Leriche, directeur général de Getlink.

Pour l’homme d’affaires, l’opérateur du tunnel sous la Manche affiche des résultats « satisfaisants », compte tenu du contexte.

Cela ne saute pourtant pas aux yeux. Le groupe, qui avait perdu 113 millions d’euros sur l’année 2020, accuse une perte de 123 millions sur le seul premier semestre de 2021. Il a en effet enregistré 326 millions d’euros de chiffre d’affaires (- 12 %) au premier semestre 2021, contre 369 millions au premier semestre 2020 et 523 millions au premier semestre 2019.

« Les mesures de confinement général imposées en France et au Royaume-Uni ainsi que les restrictions plus contraignantes de passage à la frontière et de quarantaine pour les voyageurs internationaux ont fortement impacté les activités des Navettes Passagers et des trains Eurostar sur les six premiers mois de l’année », explique Getlink dans son dernier rapport financier.

Afin de contenir la propagation du Covid-19, les gouvernement français et britannique ont en effet prolongé leurs mesures restrictives.

Côté français, l’obligation de présenter un pass sanitaire dans les trains longue distance a été annoncée par Emmanuel Macron le 12 juillet.

Eurostar, la dégringolade

Côté britannique, la création d’une catégorie « ambre plus » ne cesse de surprendre. Depuis le 19 juillet, toute personne provenant de la plupart des pays de l’Union européenne et dûment vaccinée n’a pas à se mettre en quarantaine en entrant sur le territoire britannique. La raison : la plupart des pays de l’Union se trouvent sur la liste « ambre », celle des pays à risque Covid limité.

Mais voilà que la France se trouve, à elle seule, dans une nouvelle catégorie, « ambre plus », qui oblige les ressortissants britanniques et européens en provenance de l’Hexagone à se placer en quarantaine pendant cinq à dix jours. « La mesure inclut les personnes entièrement vaccinées contre le Covid-19 », précise-t-on à Londres.

A cela s’ajoute évidemment le Brexit, qui fait du Royaume-Uni un pays tiers à l’Union européenne. Les règles de la libre-circulation ne s’appliquent plus à destination et en provenance du pays de Sa Majesté Elizabeth II. Depuis le 1er janvier dernier, l’ensemble des formalités à la frontière sont rétablies. Résultat : à peine 200 000 passagers ont été transportés par l’Eurostar sur les six premiers mois de l’année 2021, contre 5,3 millions sur la même période en 2019.

L’entrée en vigueur des contrôles douaniers a également freiné le trafic de camions de marchandises qui transitent par le tunnel sous la Manche. D’autant que les entreprises avaient fait des stocks de précaution en amont du divorce effectif entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Un avenir moins incertain

Il est vrai que les transporteurs sont revenus en nombre au deuxième trimestre, ce qui a limité à 3 % le repli du trafic camions. Mais cela ne semble pas expliquer l’optimisme du directeur général de Getlink : le nombre de voitures transportées dans le tunnel a tout de même plongé de 55 % en un an.

La « maîtrise renforcée » des coûts et la mise en place d’un programme de transformation « axé sur le service aux clients et l’excellence opérationnelle » sont les deux autres points positifs mis en avant par M. Leriche.

Cela sera-t-il suffisant pour remonter la pente ? Rien n’est moins sûr. « Tant que les gouvernements ne fixeront pas de cadre stable concernant les voyages transfrontaliers, le groupe ne sera pas en mesure de donner de trajectoire financière », a fait savoir M. Leriche.

Cela dit, le groupe a reporté « une partie importante de ses dépenses d’investissement », comme il l’avait déjà fait en 2020. Il dispose en outre, au 30 juin, d’une trésorerie nette disponible « à un niveau historique » de 549 millions d’euros. Getlink devrait par ailleurs profiter de l’ouverture d’un « duty free » dans son terminal de Coquelles (Pas-de-Calais). La vaccination à grande échelle ainsi qu’une possible levée des restrictions de voyage pourraient également rendre l’avenir de Getlink un peu moins incertain. M. Leriche pourrait après tout ne pas être le seul à voir la lumière au bout du tunnel.

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