The Artist refuse de rester muet. « Minable, vous avez dit "minable ? Comme c'est minable. J'ai commencé à travailler à l'âge de 14 ans. J'ai toujours payé mes taxes et impôts quel qu'en soit le taux sous tous les gouvernements en place. À aucun moment, je n'ai failli à mes devoirs. Les films historiques auxquels j'ai participé témoignent de mon amour de la France. Je n'ai malheureusement plus rien à faire ici. Je pars parce que vous considérez que le succès, la création, le talent, en fait, la différence, doivent être sanctionnés ». Tels sont les premiers mots, empreints de colère et d'émotion, de Gérard Depardieu, l'immense acteur français, l'un des plus connus à l'international –même la presse d'Asie évoque la polémique actuelle !- dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, parue hier dans Le Journal du Dimanche.
S'estimant insulté par des membres du gouvernement depuis l'annonce de son départ en Belgique, dans le petit village rural de Néchin, pour des raisons fiscales, l'homme aux 170 films va plus loin : « Je vous rends mon passeport », écrit-il, avant d'ajouter « et ma Sécurité sociale », dont il ne s'est dit-il « jamais servi », ce qui parait étonnant vu les nombreux problèmes de santé qu'il a rencontrés dans sa vie (il les cite d'ailleurs plus loin : « cholestérol, hypertension, diabète, alcool »). Quoi qu'il en soit, il dit avoir « payé 145 millions d'euros d'impôts en quarante-cinq ans » alors se faire insulter, c'est la goutte de trop.
Le problème, c'est qu'il ne peut pas se déchoir volontairement de sa nationalité française, car il se retrouverait alors apatride. Entre temps, on a appris qu'il se serait renseigné pour obtenir la nationalité belge. Mais on ne devient pas Belge d'un coup de baguette magique : si tant est que le Royaume l'accueille comme l'un de ses nouveaux concitoyens, le processus est long, entre cinq et dix ans.
Du côté de la classe politique, cette lettre ouverte déchaîne les passions -à gauche, on estime que l'acteur se montre antipatriote parce qu'il quitte le navire en pleine crise- et à droite, on déplore le matraquage fiscal : « On avait Astérix et Obélix. Astérix [Christian Clavier] est parti à Londres, Obélix part à Bruxelles » a lâché Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne ministre UMP.