En France aussi, comme au Royaume-Uni, les retraités pourraient passer bientôt à la casserole. Alors que les partenaires sociaux sont en pleine négociation au sujet de l’avenir –sombre- du régime des retraites complémentaires, le Medef a fait une proposition, qui pourrait donner du grain à moudre : stopper la hausse modérée certes mais continue des pensions des salariés du secteur privé et des cadres pendant au moins cinq ans, le temps de réduire de moitié le déficit des régimes de retraite complémentaire du privé. Il faut dire qu’il y a urgence : les réserves de la caisse des salariés (l'Arrco) devraient avoir fondu d’ici 2020-2023, tandis que celles de la caisse des cadres (l’Agirc), devraient être épuisées dès 2016, soit dix ans plus tôt que les projections initiales le laissaient craindre.
Concrètement, le syndicat patronal suggère de ne plus indexer, à partir d’avril, l’augmentation annuelle des retraites des 11,5 millions du salarié du privé sur l’inflation. Elles ne seraient pas purement et simplement gelées, mais elles seraient peu revalorisées, par exemple de 0,3% seulement cette année, soit 1,5% de moins que la hausse des prix. Autant d’argent en moins dans le porte-monnaie supposé bien garni des seniors, et en plus dans les caisses de l’Etat, désespérément vides !
Les veufs et les veuves aussi ont du souci à se faire, si les propositions du Medef venaient à être retenues. Au lieu de pouvoir toucher 60% de la retraite complémentaire de feu leur conjoint dès 55 ans, ils ne toucheraient plus que 56% à partir de 60 ans.
En réalité, il y a peu de chance que ces propositions soient validées en l'état par les syndicats, même si il y a désormais un consensus sur la nécessité de trouver une issue de secours pour ne pas foncer dans le mur. « Cela reviendrait à faire reculer le pouvoir d'achat des retraités de plus de 5% en cinq ans », calcule la CFDT, qui n’est pas opposée à l’idée de désindexer les retraites, à condition de ne pas « frapper tout le monde de la même manière ». Sous-entendu, les retraités modestes seraient davantage épargnés que leurs homologues aisés. Certains syndicats, comme la CGT, préfèreraient envisager notamment une hausse des cotisations à la charge des employeurs pour réduire le déficit.
Si cette question des complémentaires est réglée -les partenaires sociaux ont jusqu'au 7 mars pour trouver un accord-, le gouvernement songe à s’attaquer aux régimes de base, là aussi en les revalorisant moins que l’inflation. Un autre cheval de bataille en perspective !