Les décisions du Conseil européen seront soumises à la pression de l’Allemagne en quête de gaz russe pour satisfaire une part de ses besoins en énergie. La France assure depuis le début janvier la présidence de l’Union européenne.
L’accès à l’énergie, et notamment au gaz impacte l’équilibre mondial. Le gaz est nécessaire pour le chauffage et la production d’électricité. Face à cela, l’Union européenne veut réduire la place du nucléaire, à terme celle charbon, et promouvoir les énergies renouvelables intermittentes, éolien, solaire, etc…
L’Allemagne en première ligne écarte la France
Depuis la fin des années 90, l’Allemagne avait fait le choix de s’approvisionner en gaz en Russie. D’où l’origine du projet Nord Stream 2 qui évite l’Ukraine. Complétée par ses centrales à charbon actuelles, auxquelles s’ajoutent 4 nouvelles centrales qualifiées de « moderne » à émission réduite de CO2 (55% de sa production d’électricité)
De son côté, la France avec son parc nucléaire (75% de production d’électricité) dérange. Les émissions de CO2 n’ont rien de comparable : 6 g/kWh (nucléaire) ; 400 g/kWh pour le gaz et enfin 900 g/kWh pour le charbon ! Cet avantage fait de l’ombre à l’Allemagne. D’où la volonté d’augmenter de façon importante la taxe carbone est considérée comme totalement inacceptables par nos voisins outre-Rhin.
Toute réduction de la production nucléaire française d’électricité sera compensée par une augmentation de celle du gaz russe… transitant par l’Allemagne ! C’est la raison pour laquelle une entente politico-économique avec la Russie est essentielle avec l’arrivée de Nord Stream 2.
Les enjeux dépassent l’Union européenne
Les réserves mondiales de gaz les plus importantes se situent en Russie, en Iran et au Qatar. Les États-Unis et la Chine gardent un œil sur ces hégémonies.
Leurs prétentions pour interférer avec le marché européen se résume à jouer le jeu des énergies renouvelables. L’éolien et le solaire sont censés occuper la place. La Chine en particulier multiplie ses implantations pour devenir l’un des principaux fournisseurs d’éolienne et de panneaux solaires !
La récente mondialisation du marché du gaz avec transport maritime sous sa forme liquéfiée bouleverse la donne de l’énergie. Les États-Unis ont mis sur le marché d'importants volumes de GNL, l’équivalent de la production du Qatar. L'arrivée massive du GNL américain sur le marché crée les conditions d'une mondialisation du gaz naturel.
Comme le laisse entendre Michel Gay, dans Contrepoints, l’écologie apaisée se situe loin des enjeux stratégiques et intérêts économiques des grandes puissances comme la Chine, les États-Unis et la Russie. L’UE reste passive en privilégiant le « chacun pour soi ».