Pourquoi nous n’échapperons pas à l’exploitation des gaz de schiste (3/3)

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 20 août 2012 à 14h36

Bien sûr, il y a eu faute. Pourquoi en sommes nous arrivés-là, je veux dire, aller fouiller dans le fond du grenier voir s'il ne reste pas quelques sacs de farine pour faire la soudure ? Car enfin, quand nous aurons pompé le gaz de schiste, il ne restera plus rien ou presque des hydrocarbures que nous a livré la Préhistoire, et qui sont un peu comme notre "bas de laine". Si l'on croit que l'Histoire de l'Homme suit un destin, à défaut d'être tout tracé, tout au moins, balisé, on peut raisonnablement se dire que le charbon est le pétrole étaient là pour nous aider à accomplir les progrès que nous connaissons, mais aussi pour nous permettre de franchir une nouvelle étape (l'ultime ?), celle de l'énergie abondante, quasi gratuite, et propre.

Or, il faut bien en convenir, il nous manque du temps. Les experts s'accordent pour dire qu'entre la fin du pétrole facile (polluant) et bon marché, et l'arrivée de nouvelles énergies, aussi bien thermiques, solaires, que nucléaires de nouvelle génération, il nous manque au moins 30 ans. Tout cela parce que dans les années 80, les politiques n'ont pas su anticiper, en allouant des crédits à la recherche fondamentale sur l'énergie et les moyens de la produire. Ce n'est pas faute pourtant d'avoir été avertis. Quand j'étais en classe de 3ème, ma prof d'Histoire-Géo, qui au collège a aussi pour mission d'éveiller à l'économie (sans commentaire), nous expliquait déjà que nos réserves de pétroles seraient épuisées dans une vingtaine d'années. C'était en 85. Que de temps perdu !


En résumé, se refuser au gaz de schiste, c'est livrer la France à un chaos certain, puisqu'il s'agit bien là d'une décision qui dépend de chaque pays disposant de potentielles ressources en hydrocarbures non conventionnels.
Ce n'est pas de gaité de coeur que je me résouds à nous voir plonger demain dans notre sous-sol, à la recherche de menue-monnaie dont une génération prochaine pourrait nous reprocher de l'avoir dilapidée, avec les risques que cela comporte. Mais nous sommes piégés ! Sauf à ce qu'un inventeur génial découvre demain, disons, sous cinq ans, la pierre philosophale énergétique, et en fasse don à l'humanité, nous sommes condamnés à bricoler, avant que le vent, le soleil, la chaleur du manteau terrestre, les marées, l'atome exploité autrement, prennent le relais.

Le pire, dans cette histoire, c'est que tout le monde en connaît la fin. Mais que le nombre de saisons, le nombre d'épisodes dans chaque saison, certains acteurs, est lui, encore inconnu. Une série qui aurait pourtant des airs de Dallas puisqu'au bout du compte, ce dont je ne vous ai pas du tout parlé ici, c'est le fameux code minier, dont la révision est sans cesse reportée (lire à ce sujet l'article de Max Falque, expert en la matière, "Gaz de schiste et frilosité"). Aux Etats-Unis, si l'on trouve du pétrole sur vos terres, vous touchez des royalties. En France, les sous-sols appartiennent à l'Etat. C'est de facto un peu normal de ne pas être enthousiasmé par l'idée d'avoir un derrick dans son jardin, ou sur le territoire de sa commune.

Mais si la production programme la révision du code minier dès la Saison 1, et convient de rétrocéder aux propriétaires / aux collectivités des royalties, une chose est sûre : nous gagnerons beaucoup de temps !

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).