A l'heure ou le gouvernement se retrouve confronté aux cruel dilemne de devoir satisfaire les légitimes revendications des défenseurs de l'environnement à l'occasion de la conférence environnementale qui s'achève ce samedi 14 septembre, mais également de devoir assurer une relative indépendance énergétique de la France (actuellement de 50 à 60%), le débat sur l'exploitation des gaz de schiste reprend de l'ampleur. Rappelons rapidement les précédents épisodes de ce feuilleton pour mieux comprendre pourquoi l'épilogue est quasi-inéluctable.
Depuis une dizaine d'années, aux Etats-Unis, des compagnies pétrolières exploitent des réserves d'hydrocarbures jusque là boudées. Pourquoi ? Parce qu'à la différence des puits de pétrole classiques qui plongent basiquement dans une poche de pétrole, pétrole qui remonte tout seul sous l'effet de la pression, les gaz de schiste sont des hydrocarbures mélangés à la roche. Pour les extraire, il faut injecter dans cette roche d'immenses quantités d'eau, mélangées à des produits chimiques, pour la fracturer, puis pomper et séparer le tout. Cette technique est coûteuse, mais aujourd'hui, vu le prix du pétrole, rentable.
Cette technique en est encore à ses débuts, et a pourtant fait d'immenses progrès depuis qu'elle est employée. D'ultra polluante et dangeureuse, elle glisse désormais dans la catégorie "polluante si l'on ne fait pas très attention". Pour évaluer les risques pour les biens et les personnes, à distinguer des risques environnementaux, on manque encore de recul, mais ils ne seraient pas supérieurs désormais aux risques liés à l'exploitation des puits d'hydrocarbure classiques. Réels, mais acceptés, car l'on a besoin du pétrole. Et dans tous les cas bien moindres que les dommages causés par une catastrophe nucléaire du type Fukushima. C'est donc bien d'environnement dont il est question principalement ici, avec pour enjeu majeur, la préservation des nappes phréatiques et plus largement de la ressource en eau (lire "L'eau potable ne coule pas de source").
Si l'extraction des gaz de schiste se fait à des centaines de mètres, voire des kilomètres de la nappe phréatique, les millions de tonnes d'eau utilisées pour fracturer la roche, qu'il faut ensuite pomper et nettoyer, ne tombent pas du ciel. Oui mais : les quantités utilisées par cette nouvelle industrie, aux Etats-Unis, sont ridicules par rapport aux quantités consommées par l'agriculture ou même... l'industrie du tourisme et des loisirs. Un puits de gaz de schiste consomme moins d'eau qu'un parcours de golf ! On en arrose, des millions de km2 de pelouses, pour le plaisir..