La lutte contre le gaspillage alimentaire, lié à notre société de consommation et, surtout, de surconsommation, est au centre d'une partie de la politique du gouvernement français. L'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'Energie, estime que malgré les efforts produits par le secteur de la distribution, les magasins peuvent encore améliorer leurs habitudes.
Un an d'expérimentation : 300 000 tonnes de nourriture sauvées du gaspillage
Le gaspillage alimentaire, en France comme ailleurs, est un véritable problème et ce sont les ménages qui doivent le plus agir contre ça. Mais si le gouvernement ne peut pas intervenir directement dans les frigos des Français à part en leur apprenant à bien acheter et bien consommer, il peut s'immiscer dans les affaires de la grande distribution qui ne représente toutefois que 14 % du total du gaspillage alimentaire en France.
10 magasins-pilote ont, avec l'Ademe, mené des actions pendant un an des expérimentations et des actions afin de réduire le gaspillage alimentaire et, surtout, cibler quelles sont les meilleures actions à entreprendre en termes de rapport "gaspillage/perte nette". Le rapport, publié ce mois de novembre 2016 et qui revient sur cette expérimentation, montre que le gain est bien présent : en moyenne les 10 magasins concernés ont économisé 22 % du total de la nourriture qu'ils gaspillaient. 160 tonnes de nourriture ont donc été épargnées de la poubelle en un an... Et 300 000 tonnes de nourriture éviteraient de terminer à la poubelle si tout le secteur s'engageait.
Economiquement, le système et la lutte contre le gaspillage sont également viables : 70 000 euros d'économies par an sont à l'ordre du jour alors qu'en moyenne un magasin perd 400 000 euros à cause de la nourriture qu'il jette... chaque année !
Qu'est-ce qui fonctionne et qu'est-ce qui ne fonctionne pas contre le gaspillage alimentaire ?
Selon le rapport de l'Ademe le changement le plus efficace et probablement le plus simple à mettre en place est la réduction des références. : 1 % des références d'un magasin sont responsables de 20 % du gaspillage alimentaire car elles ne sont pas achetées par les consommateurs. De même, les bacs de promotions "date courte" sont efficaces : les Français, à la recherche d'économies, n'hésitent pas à aller voir s'ils ne trouveraient pas quelque chose en promo. Enfin, la nomination d'un responsable anti-gaspillage dans le magasin semble également utile.
L'Ademe remarque par contre que certaines mesures sont coûteuses et inefficaces comme le fait de faire des smoothies avec les fruits et légumes sur le point de périmer : il faut y dédier du personnel. A noter que les dons aux associations sont une mesure partagée : s'ils permettent de réduire le gaspillage, le magasin subit une perte nette.
La distribution perd, chaque année, 4,5 milliards d'euros à cause du gaspillage alimentaire et aurait donc tout à y gagner : selon l'Ademe la mise en place des mesures les plus simples ferait économiser 700 millions d'euros par an à la grande distribution.