Presque tout le monde connaît les GAFAM et pour beaucoup de nous, utilisons leurs produits chaque jour.
Ces entreprises stars de la Silicon Valley californienne, ont envahi notre quotidien. Elles ont même fait des petits avec les Natu pour Netflix, Airbnb, Tesla et Uber… Ces entreprises ont su renouveler au 21ème siècle le mythe américain des chercheurs d’or ou de pétrole devenus milliardaires en quelques coups de pioche.
Ces start-ups parfois créées dans un garage sont ainsi devenues les plus grandes capitalisations boursières mondiales, et leurs patrons des références iconiques de l’entrepreneur à succès.
Pourtant elles sont de plus en plus décriées pour leur mainmise tentaculaire sur l’économie mondiale et leur pratique de corsaire fiscal. Elles menaceraient même la souveraineté des Etats.
Dans l’ordre, le plus connu GOOGLE, champion du monde de la recherche et de services technologiques, AMAZON, le champion du commerce en ligne, FACEBOOK le champion du digital – réseau social en ligne, APPEL le champion du numérique, PC, portables et MICROSOFT le géant de l’informatique système.
La pandémie loin de plomber les GAFA, fait plutôt ressortir, par contraste, leur puissance immense. Certes, la crise n’est pas sans effets sur ces mastodontes. Mais tous ont annoncé, dans leurs résultats trimestriels de fin octobre des activités en hausse. Une performance dans cette période tellement troublée.
Même si ce n’est pas comparable, à eux cinq les GAFAM sont davantage valorisés que le montant du PIB du Japon, de l’Allemagne ou de la France !
Un peu d’histoire et de position
GOOGLE, la firme de Mountain View, emploie 100.0000 personnes et pèse 542 milliards d’euros. Sergey Brin et Larry Page à 23 et 24 ans, étudiants à l’université de Stendford (Californie), créent en 1998 ce qui deviendra le plus célèbre et important moteur de recherches du monde. Ces deux fondateurs se sont mis en retrait en 2014 avant de la quitter officiellement en 2019. Aujourd’hui, c’est Sundar Pichal qui la préside.
La société a été plus pénalisée que les autres par la Covid à cause de sa dépendance à la publicité. Pour la première fois son chiffre d’affaires a reculé de 2% au deuxième trimestre et ses profits diminués de 30%. Côté bourse sa progression n’est plus que de 17% depuis le début de l’année.
A l’intérieur de ses activités, la publicité a connu un rebond de 10 %. La hausse est même de 32 % pour YouTube, sa plate-forme vidéo. Les effets récessifs de la pandémie sont compensés par la hausse de toutes les activités en ligne liées au confinement. Les revenus de la division cloud de Google, ont encore bondi de 45 %, à 3,4 milliards. Sur un an le bénéfice est lui en hausse de 59 % à 11,2 milliards, notamment en raison de mesures d’économies et d’un gel partiel des embauches.
APPLE, la firme est créée le 1er avril 1976 à Cupertino en Californie, par Steve Jobs (avec Steve Wozniak et Ronald Wayne). En 2011, c’est Tim Cook qui en prend la direction. Elle devient la première entreprise privée de l’histoire à atteindre une valeur de 2000 milliards de dollars de capitalisation. Son chiffre d’affaire de 2019 a dépassé les 260 milliards de dollars avec une rentabilité exceptionnelle. Elle a commencé par les ordinateurs, la fameuse « Pomme » puis en 2001 arrive l’iPod (portable) suivi de l’ iPhone (smartphone) et d’autres produits dont l’Apple Watch, montre connectée et les services Music, TV, Cloud. Ces derniers représentent déjà 17% du CA avec une marge opérationnelle de 65% contre 30% pour le reste. Mais il va falloir un nouveau souffle pour continuer sur la même lancée.
FACEBOOK, c’est en 2004 que Mark Zuckerberg étudiant à Harvard dans le Massachussetts lance avec Eduardo Saverin, le réseau social qui va atteindre rapidement une résonance mondiale.
Le chiffre d’affaire du 2ème trimestre 2020 est ressorti à 18,7 milliards de dollars à + 11% avec une marge opérationnelle de 32%. Il est bien aidé par ses filiales Instagram, WhatsApp, Messenger…
Sur un an, Facebook a réussi la prouesse de publier un chiffre d’affaires en hausse de 22 % à 21,4 milliards. Le boycott médiatisé de 400 grands annonceurs mécontents de la modération des discours de haine sur le réseau social n’a pas eu d’effet visible. Davantage dépendant à la publicité, Facebook revendique 10 millions d’annonceurs souvent de taille moyenne, intéressés par ses publicités ciblées au budget très modulable. Son bénéfice a crû de 29 % à 7,84 milliards de dollars, soit une impressionnante marge opérationnelle de 37 %.
AMAZON, en 1994 Jeff Bezos à l’idée de créer une entreprise qui vend des livres mais aussi qui les livre n’importe où. Son but, créer une société de technologie visant à simplifier les transactions pour les consommateurs. Par le fait d’une croissance très rapide ses résultats ne sont devenus positifs que fin 2001. Ses revenus sont passés de 15,7 millions de dollars en 1996 à 148 millions en 1997, puis 610 millions en 2008 et 254 milliards en 2019. En 2002, la société a lancé Amazon Web Services, des données sur le trafic internet et statistiques pour les développeurs et le stockage de données.
Le chiffre d’affaires de 2019 se monte à 280 milliards de dollars en progression de 50 milliards sur un an. Malgré la Covid, l’année 2020 s’annonce sous de très bons hospices, aidée par un nombre grandissant de ventes à distance. Depuis fin octobre, le flux de trésorerie a augmenté de 56% au cours de ces derniers mois. Un bénéfice net 6,33 milliards de dollars en augmentation de 197%. L’entreprise emploie plus d’un million de salariés et embauché plus de 400.000 personnes en 2020.
Par contre, les revenus de sa chaîne américaine de magasins Whole Foods ont baissé de 10 % en raison de la pandémie, mais ceux des publicités diffusées par les vendeurs d’Amazon ont bondi de 49 %.
En France plus de 10.000 entreprises développent leur activité sur Amazon et tous les livreurs indépendants. Le chiffre d’affaires en France se monte à 7.73 milliards d’euros soit 333 millions d’articles.
Les dépenses d’Amazon sont en hausse en raison des mesures sanitaires mais ses dirigeants anticipent des ventes de fin d’année exceptionnelles.
MICROSOFT a été créée en 1975 par deux amis d’enfance, Bill Gates et Paul Allen. Le premier était parti pour Harvard, le deuxième cogitait pendant des mois sur une idée d’entreprise. C’est en se retrouvant que l’entreprise a « germé ». Allen quitte la société en 1980 suite à une différence de vues, puis ils se réconcilient en 1994 au mariage de Bil. En 2000 Bil laisse sa place à Steve Balmer. Mais Allen reviendra en 2009. Le groupe dirigé actuellement par Satya Nadella tourne à plein régime.
Microsoft c’est la première société informatique et microinformatique en systèmes d’exploitation avec 1034 milliards de dollars de capitalisation, un CA de 125,8 milliards de $ et un résultat net de 39,2 milliards d’$. Elle emploie 148.000 salariés dans 120 pays.
Ces entreprises sont au cœur des nouvelles économies numériques. Or, dans ce nouveau modèle d’activité le terrain de jeu n’est pas national, il est immédiatement mondial et le leader rafle la mise en anéantissant du même coup toute la concurrence. Conséquence, les chiffres deviennent vertigineux par rapport aux entreprises traditionnelles. Leur difficulté actuelle est de ne pas trop se concurrencer dans des secteurs qui s’entrecroisent.
Avec l’arrivée de Jo Biden, le risque pourrait être un relèvement du taux d’imposition des sociétés. Mais la grande peur des Gafam, pourrait être la perspective d’un démantèlement. A la suite du rapport de la sous-commission antitrust du congrès, le département Justice a ouvert une enquête contre Google pour abus de position dominante. Google avec ses 80% de part de marché mondiale est accusé d’imposer son moteur de recherches en le faisant préinstaller sur les smartphones afin d’utiliser son propre système d’exploitation à la manière de Microsoft. Ce n’est pas impossible mais difficile à mettre en œuvre. L’offre offensive doit venir des pays où sont implantés ces cinq géants en voulant les taxer. Le Crédit Suisse a d’ailleurs effectué une étude sur la possibilité d’établir une taxe de 4% sur le chiffre d’affaire de ces sociétés. Cela impacterait de 20% leur profit.
Pour l’instant les Gafam ont joué un rôle de valeur refuge dans ce contexte de crise persistante. Avec des taux d’intérêt très bas, des valeurs traditionnelles touchées, les géants du net sont des valeurs refuge. Les mécanismes d’allocation des fonds indiciels sont influencés par le « phénomène Fomo » (Fear of missing of) c’est-à-dire la peur de passer à côté. Plus leurs cours montent plus ils ont peur de rater le wagon. Sont-ils devenus des bulles technologiques ? Trop chers ? Quand les investisseurs pourront-ils se passer des Gafam ? Quand s’arrêteront-ils de grandir, de créer de nouvelles entités ? Sont-ils ensembles une concentration très inquiétante ? C’est la grande question et incertitude !
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