Fusion Suez / Veolia : les syndicats désunis détaillent leurs exigences

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Par Sarah Merlino Modifié le 13 mai 2021 à 17h01
Suez 293715
@shutter - © Economie Matin
65%La CGT, la CFDT et la CFTC revendiquent plus de 65% de la représentation des salariés de Suez.

Après avoir soutenu becs et ongles, la ligne anti-OPA, les syndicats de Suez ont vécu comme une trahison le revirement de leur direction et l’accord finalement obtenu entre leur entreprise et Veolia. Mais, si la déception est unanime, le front syndical, jusqu’alors uni, s’est disloqué à quelques jours de la finalisation du projet. En effet, après un préaccord présenté le 11 mai, le projet doit être finalisé vendredi. Il devra notamment détailler le poids respectif des nouveaux actionnaires du groupe qui va naitre à la faveur de la fusion.

Après la plainte déposée le 22 avril par une partie seulement des syndicats à l’encontre du secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler, d’Antoine Frérot, de Jean-Pierre Clamadieu et du PDG du fonds Meridiam Thierry Déau pour trafic d’influence, c’est sur ce « partage des pouvoirs » que l’union syndicale s’est brisée. « Des dissensions entre nous ? C’est un euphémisme ! s’emporte Jérémy Chauveau, délégué CGT Suez. L’intersyndicale n’existe plus. On avait des lignes rouges au sein de l’intersyndicale, on s’interdisait d’aller voir les potentiels investisseurs. La CFE-CGC et FO ont pris la décision d’aller rencontrer Meridiam directement. Du coup, ils sont sortis de l’intersyndicale. » De leur côté, la CGT, la CFDT et la CFTC, qui revendiquent plus de 65% de la représentation des salariés, ont présenté les revendications qui, selon eux, doivent être établies comme préalable à l’accord final. Premier point : ces syndicats s’interdissent donc d’établir des relations avec les actionnaires putatifs avant que le projet final qui détaillera la répartition effective du capital ne soit bouclée. Mais la demande principale porte sur l’actionnariat des salariés. Les trois syndicats demandent unanimement que celui-ci atteigne les 11% (environ 15000 euros par salariés). L’idée défendue par cette union syndicale est de permettre aux salariés, même minoritaires, d’avoir un vote décisif lors des conseils d’administration. « On souhaite aussi un pacte d’investisseurs assez équilibré, reprend Jérémy Chauveau, avec à terme l’actionnariat des salariés qui ferait l’arbitre. Si les actionnaires majoritaires sont à 40/40 ou 44,5/44,5 et nous à 11%, notre vote fera arbitre et pourrait empêcher à terme une nouvelle OPA. C’est peut-être une forme d’utopie, mais c’est notre combat. »

Selon Philippe Jacq, délégué CFTC, « M. Camus reste plutôt sur la base de 10%, échelonné sur plusieurs années. Ce serait un accord, un engagement social présenté aux éventuels acquéreurs. A priori ils sont tous d’accord. » Dans son communiqué officiel, le syndicat en appelle à l’État : « Nous demandons donc au Ministère de l’Économie et des Finances de peser de tout son poids pour une modification de l’actionnariat du futur Suez et d’apporter son plein soutien à notre union syndicale. »

De son côté, Eric Guillemette, coordonnateur CFE-CGC Suez, minimise les oppositions entre les syndicats : « Il n’y a pas de réelles dissensions : pendant sept ou huit mois les syndicats ont bossé tous ensemble pour l’intérêt des salariés. Mais, nous pensons que globalement il faut rencontrer vite les nouveaux actionnaires parce qu’il faut travailler avec eux sur le new Suez. Les autres syndicats ont une approche différente de la situation. On est sorti de l’intersyndicale parce qu’on avait une opinion différente de la stratégie à adopter, mais il n’y a pas de guerre interne des syndicats. Les autres organisations syndicales disent que tout est à construire et qu’il faut attendre le 14 mai pour la suite, nous disons : « Non, c’est maintenant qu’il faut commencer à construire avec les actionnaires. »

Que ces discussions aient été déjà engagées ou qu’elles ne soient abordées qu’après le 14, de nombreuses questions ne sont pas abordées dans le préaccord. Les mesures sociales restent pour l’instant à trancher, même si Veolia a réaffirmé ses engagements sociaux pour les quatre années à venir et que Meridiam, le fonds repreneur de Suez France, s’est engagé sur le maintien de l’emploi et du statut social des collaborateurs.

Dans le roman-feuilleton du rapprochement entre Veolia et Suez, riche en rebondissements comme la proposition de dernière minute du groupe allemand Remondis de rejoindre la future entité, les coups de théâtre sont devenus la norme : au finish, les revendications des syndicats vont être une dimension essentielle des dernières discussions. Sur ce terrain, l’union des syndicats aujourd’hui dispersés pourrait bien revenir à l’ordre du jour : « C’est la vision stratégique qui a fait qu’on s’est séparés, mais nous ne sommes pas fâchés du tout… » conclut Eric Guillemette.

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Journaliste Grand reporter 

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