Voiture électrique : l’échec français

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Par Alexandre Lenoir Modifié le 7 juin 2012 à 9h35

Question : sauriez-vous à coup sûr dire quelle a été la voiture de l’année élue en 2011 ? Et en 2012 ? Si vous avez répondu Nissan Leaf et Opel Ampera, bravo ! Mais force est de constater que la discrétion dont à fait preuve Nissan autour de ce trophée a de quoi laisser songeur. N’est-ce pourtant pas Carlos Goshn, le propre patron de l’Alliance Renault-Nissan, qui avec le soutien affiché de Jean-Louis Borloo et de nombreux politiques français affirmait dès 2009 que rouleraient en France 2 millions de véhicules électriques à l’horizon 2020 ?

Pour parvenir à un tel chiffre, il aurait fallu que, depuis 2012, se vendent en moyenne 200 000 voitures électriques chaque année. Or, le dernier tableau de bord annuel publié fin 2011 par le Comité des Constructeurs Français d’Automobiles indique qu’on en est loin. Très loin ! Avec 645 unités, la Citroën C-Zéro a été le véhicule électrique le plus vendu en France en 2011. La dixième du classement est quant à elle un véhicule très exclusif puisqu’il s’agit de la Tesla Roadster (9 unités). Et la voiture de l’année dans tout ça ? 83 exemplaires seulement ont été écoulés sur notre territoire en 2011.

Simple retard à l’allumage ? Possible. Néanmoins, ces chiffres ne doivent pas rassurer les investisseurs qui ont cru en la stratégie de Renault. À titre de comparaison, le gouvernement chinois table, lui, sur 5 millions de véhicules électriques et hybrides sur ses routes en 2020. À votre avis, laquelle des deux estimations a-t-elle des chances de se révéler la plus juste ?

Est-il possible que les promoteurs de ces nouveaux véhicules n’aient pas vu les écueils qui se dressaient sur leur route ? Car si l’on sait, quasiment depuis qu’elle existe, propulser l’automobile à l’électricité, nul n’a vraiment encore résolu les équations du prix et de l’autonomie. Peut-on réellement faire accepter au client de payer beaucoup plus chère une auto qui ne pourra finalement pas lui rendre les mêmes services qu’une guimbarde achetée quelques milliers d’euros en occasion ?

Et puis il y a des choix qui laissent songeur. Pourquoi diable Renault a-t-il commencé par chercher à vendre en version électrique sa Fluence, un modèle dont même en thermique le client semble ignorer l’existence ? Alors vous me direz qu’il y a la Twizy, véhicule inclassable aux abords sympathiques et que l’on aimerait voir en ville mais… qui s’avère si malpratique qu’il risque en réalité de n’être à la mode que le long des plages un ou deux étés.

Bref, la résolution de ces équations semblent finalement plus compliquées que prévu, au point que Renault vient d’indiquer réfléchir à produire des véhicules… hybrides d’ici à 2017. Vingt ans après Toyota et sa Prius. Quel gâchis !

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Alexandre Lenoir est journaliste. Après une maîtrise de l'Institut Français de Presse (Paris) obtenue en 1994, il rejoint le groupe Pressimage (édition de magazine, presse nouvelles technologies) en janvier 1995. Depuis septembre 2004, il travaille en tant que journaliste indépendant, spécialisé dans les nouvelles technologies et l'automobile.