France Télévisions : la crise sanitaire a signé le grand retour du service public

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Par Rédaction Publié le 25 juin 2020 à 5h39
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35%Plus de 35% des Français ont souffert de détresse psychologique à cause du confinement.

« La télévision publique du XXIème siècle doit (...) être une télévision qui donne à voir et surtout à comprendre le monde actuel, marquant ainsi sa différence et tirant vers le haut l'ensemble du paysage audiovisuel ». Elle doit être « une télévision indépendante et pluraliste, intelligente et curieuse, qui intéresse sans ennuyer, qui amuse sans galvauder, qui confronte sans niveler ; une télévision exigeante et audacieuse, qui porte très haut ses missions, tout en restant, fièrement, une télévision grand public » peut-on lire dans la Loi du 5 mars 2009 relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision.

La crise sanitaire, comme peut-être aucune autre crise auparavant et ce depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, a révélé l'importance du service public. Consolider notre système social et notre exception culturelle fondés sur la notion d'Etat-Providence semble être aujourd'hui la priorité du gouvernement qui affiche de plus en plus sa volonté de tirer les leçons de la gestion de la crise du Covid-19. En négligeant d'investir suffisamment dans l'hôpital public depuis ces trente dernières années, les gouvernements successifs ont fragilisé la population française et lui ont ôté les moyens de se défendre face à une pandémie que des études prospectives avaient pourtant anticipée.

Pendant le confinement, les héros invisibles (infirmiers, caissières, transporteurs etc.) ont contribué à endiguer la propagation du virus et à assurer le « service minimum » auprès des citoyens, montrant le caractère indispensable de leurs professions. Des « efforts de guerre » en tout genre ont mis en exergue l'importance des gestes de solidarité et la nécessité de protéger davantage la population, d'abord d'elle-même (par les gestes barrière, la mise en place d'un aménagement urbain adapté etc.) et par un meilleur système de protection sociale. La crise a engendré un service public d'urgence et révélé l'importance de l'action publique sur le long terme.

Les Français ont plébiscité les chaines publiques

A tel point que le confinement aura de facto renforcé la mission de service public de l'audiovisuel français. Dès le 18 mars, le ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse Jean-Michel Blanquer, mettait en place l'opération « Nation apprenante », en partenariat avec l'audiovisuel public. France Télévisions, Radio France, Arte et l'Education nationale mettaient à disposition des professionnels et des élèves des programmes pédagogiques afin de maintenir un enseignement minimum au sein des foyers.

Des cours dispensés par des professeurs furent diffusés à destination des écoliers, des collégiens et des lycéens, venant à la rescousse de parents désemparés face à la nécessité d'exercer, seuls, l'école à la maison. Des plateformes éducatives furent également mises en ligne : Lumni, France TV Slash et Okoo. A l'arrivée, ces programmes ont été suivis, en mars et en avril, par plus de 80 % des Français et par plus de 70 % des enfants.

Pour les adultes, une place prépondérante fut donnée à l'information scientifique avec l'émission « Enquête de santé », animée par le médecin médiatique et pionnier de la pédagogie sur la santé à la télévision Michel Cymes, cible de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux pour avoir rétabli quelques vérités scientifiques concernant le virus. Enfin, la culture, et notamment le cinéma, ne furent pas en reste avec la diffusion de grands classiques du cinéma hexagonal (« Les Tontons flingueurs », « la Grande vadrouille », « Jean de Florette » etc.) chaque après-midi sur France 2, et un film de fiction tous les lundis en prime time sur France 5. Sans oublier le programme quotidien « La petite librairie » pour les mordus de littérature, présenté par François Busnel.

Plaire et instruire

« Nos journaux télévisés de France 2 et France 3 (...) ont pratiquement doublé leurs audiences. Ils sont devenus des points de repère et la marque de la confiance que les Français ont dans l’information de service public. Nous avons répondu aux questions des téléspectateurs, fait beaucoup plus d’interactivité, mis en place de nouvelles rubriques de décryptage, lutté contre les fake news», se félicite aujourd'hui Delphine Ernotte dans les colonnes de Ouest France, présidente du groupe France Télévisions.

Pour l'heure, le service public attend avec impatience la réforme de l'audiovisuel, mais le report de la loi laisse planer le doute quant à une possible fermeture de France 4 et France Ô. « Je crois beaucoup à une offre éducative renforcée pour le service public et qui s’inscrit dans la durée » précise Delphine Ernotte. Peut-être l'occasion d'amorcer une révolution numérique avec l'avènement de l'Ed-Tech et d'un service public éducatif digital.

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