Alors que l’annonce des 8 000 suppressions d’emplois de PSA tourne à l’affaire économique d’Etat, je souhaitais revenir de façon un peu plus détaillée sur la situation de cette grande entreprise nationale qu’est le Groupe Peugeot Citroën.
Lors de son intervention du 14 juillet, le Président François Hollande est revenu longuement sur cette affaire en insistant sur le fait qu’il attendait de PSA que ce plan massif de licenciements soit revu.
De son côté, le ministre de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici, a répété dimanche que le plan de 8.000 suppressions de postes de PSA Peugeot Citroën n’était « pas acceptable », en précisant que le 25 juillet serait annoncé le plan du gouvernement pour « l’ensemble de la filière » automobile.
Il a rajouté : « il faut améliorer considérablement la qualité du plan soumis au Comité central ». Cela signifie qu’implicitement le gouvernement admet bien qu’il y ait un plan même important de licenciements. Reste à s’entendre sur les modalités et trouver un consensus à de multiples niveaux, car l’affaire PSA, au delà de tous les effets de manches, est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord.
Enfin, en déclarant, à propos de la famille Peugeot, que « ce sont des gens discrets mais on les connaît, je préfère qu’il y ait un actionnariat français et familial », le gouvernement exprime clairement sont intention de ne pas déterrer la « hache de guerre » avec les « Peugeot » et par extension avec les grandes familles d’entrepreneurs en France.
Oui PSA a des problèmes. Oui l’Etat peut faire un certain nombre de choses. Non PSA ne s’est pas mal comporté et les dividendes versés aux actionnaires ne semblent pas excessifs. Oui il y a des problèmes stratégiques pour PSA, mais ceux-ci sont plus liés aux relations internationales qu’à des erreurs imputables à la direction. Et oui, l’Etat pourrait nationaliser partiellement cette entreprise, ce qui serait peut-être d’ailleurs une solution convenable par tous notamment en s’appuyant sur la future Banque publique d’investissement que souhaite mettre en place le gouvernement.
Le groupe PSA en chiffres :
Peugeot est le 2e constructeur automobile européen.
Le chiffre d’affaires se répartit entre plusieurs activités :
- vente de véhicules (71,2 %) : 3,1 millions de véhicules particuliers et utilitaires légers vendus en 2011 (1 655 900 unités sous la marque Peugeot et 1 435 700 unités sous la marque Citroën),
- vente d’équipements automobiles (23,5 % ; Faurecia) : blocs avant (n° 1 européen), systèmes d’échappement (n° 2 mondial), sièges automobiles (n° 2 européen et n° 3 mondial), modules et composants pour l’intérieur du véhicule, etc,
- prestations de financement des ventes (2,7 % ; Banque PSA Finance),
- prestations de transport et de services logistiques (2,4 % ; Gefco),
- autres (0,2 %) : notamment production et vente de motocycles.
La répartition géographique du CA est la suivante : Europe (75,9 %), Amérique latine (9,2 %), Asie (4,7 %) et autres (10,2 %).
Remarque: Le groupe PSA est encore très orienté sur le marché européen contrairement à Renault qui a adopté une internationalisation à marche forcée depuis quelques années. En clair, PSA n’a pas encore assez délocalisé ses productions encore une fois contrairement à Renault et reste trop « euro centré ».
Dernière composition connue du capital.
1. Investisseurs institutionnels étrangers 32,73 %
2. Famille Peugeot 25,27 %
3. Investisseurs institutionnels français 18,52 %
4. Autocontrôle 7,34 %
5. Actionnaires individuels 7,11 %
6. Salariés 3,26 %
Effectif : 186 220
Remarque: depuis le 1 er janvier 2012, la baisse des ventes du groupe est de 13,5% contre seulement 3,5% pour Renault par exemple.
Les spécificités du site d’Aulnay:
Produit actuellement la C3 qui sera arrêtée en 2014. La C3 est donc en fin de vie.
Aulnay, situé en Ile-de-France, a une valeur foncière évidente contrairement aux sites de provinces qui ne peuvent faire l’objet de promotions immobilières massives.
Fermer entièrement une usine est plus facile que de saupoudrer des suppressions d’emplois sur plusieurs sites, ce qui par définition poserait inévitablement des problèmes partout aussi bien sociaux qu’organisationnels.
C’est donc une « bonne » idée de fermer Aulnay.
L’alliance avec GM et sa filiale européenne Opel
« Attention ! Ce n’est pas une fusion, mais une alliance. » C’est sur ce point que Philippe Varin et Dan Akerson, lors de leur conférence téléphonique du Mercredi 29 février pour officialiser le rapprochement de PSA Peugeot Citroën et de General Motors (GM), ont particulièrement insisté.
Toujours sur le thème du retard stratégique par rapport à Renault, PSA ne se lance dans une stratégie d’alliance majeure qu’en 2012, alors que Renault s’était lancé dans un partenariat très fructueux avec le japonais Nissan dès 1999. C’est donc au tour de PSA, 13 ans après, de tenter une aventure quasi similaire.
Pour le patron de PSA Philippe Varin « ce partenariat stratégique est d’une échelle non égalée jusqu’à présent ».
Les deux entreprises entendent partager le coût de développement de nouvelles plateformes de véhicules et le coût des achats à l’échelle mondiale pour les produits et les services. D’ici à cinq ans, GM et PSA veulent réaliser chacun 1 milliard de dollars (751 millions d’euros) d’économies sur leurs dépenses et regagner ainsi en compétitivité.
Hors coopérations, « chacune des deux entreprises continuera à commercialiser ses voitures de façon indépendante et concurrentielle », assurent les deux constructeurs.
Pour le moment les deux entreprises précisent que l’alliance ne concerne pas la production. La question des surcapacités doit donc être gérée par les deux constructeurs séparément.
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