La nouvelle majorité vient-elle de repousser, avec ses hausses d’impôts, d’une journée la date annuelle de libération fiscale?
C’est-à-dire le jour où les Français cessent de payer des impôts, des taxes et des cotisations pour enfin engranger à leur seul profit le fruit de leur travail.
L’affaire n’est pas si simple: tout dépend de l’indicateur que l’on choisit.
Il existe en effet deux grandes façons de mesurer le poids des impôts et charges publiques dans l’économie : le taux de dépenses publiques et le taux de prélèvements obligatoires.
Le taux de prélèvements obligatoires mesure le poids des impôts et des cotisations sur le Produit Intérieur Brut, c’est-à-dire la somme des valeurs ajoutées produites chaque année en France. Avec la loi de finances rectificative qui vient d’être adoptée, ce taux atteint 45%. Autrement dit, pour 100 euros de richesse produite en France, 45 sont prélevés par un organisme public (Etat, collectivités locales, sécurité sociale)...
Selon cet indicateur, le pays travaille grosso modo jusqu’au 12 juin de l’année pour assumer ses obligations fiscales. Le 13 juin devient alors le jour de la libération de la richesse. Il faut remonter à 2000 pour retrouver un taux aussi élevé. Mais la France a connu des jours meilleurs. En 1960 par exemple, le taux de prélèvements se situait à 30%, et permettait donc de «libérer» les Français dès le 19 avril (en cas d’année bissextile).
Mais il existe un autre indicateur, plus honnête: le taux de dépenses publiques, qui ajoute aux prélèvements obligatoires le déficit public. Si l’on admet que ce déficit peut aussi se définir comme un impôt différé, alors il est assez cohérent de retenir, pour calculer le jour de la libération fiscale, le taux de dépenses publiques.
Avec le collectif budgétaire qui vient d’être adopté, il devrait atteindre 56,2% du PIB. Dans ce cas, la libération fiscale intervient effectivement le 23 juillet. Autrement dit, toutes les richesses produites en France jusqu’au 22 juillet sont transformées en dépenses publiques.
On notera concrètement qu’entre le 13 juin et le 23 juillet, la France vit à crédit, en empruntant sur les marchés financiers, puisque cette période correspond au laps de temps qui sépare la fin du prélèvement des impôts et l’épuisement de la dépense publique.
A compter du 23 juillet, les Français commencent à travailler pour eux. Et pour préparer les jours où ils devront rembourser les emprunts contractés du 13 juin au 23 juillet.