Il n’aura jamais été aussi facile, pour la France, d’emprunter pour financer sa dette. Le pays bénéficie à plein des largesses de la Banque centrale européenne, qui achète à tour de bras de la dette publique et fait chuter les coûts d’emprunts de l’hexagone.
Le rendement des emprunts français sur 10 ans est tombé à un plus bas historique ce jeudi 16 avril, à 0,33%. En la matière, le taux français devrait passer sous celui japonais, un passage de seuil symbolique puisque l’archipel est victime depuis des années de la déflation.
Des rendements toujours aussi faibles
Sur le rendement à 5 ans, la France emprunte désormais en territoire négatif ; les investisseurs ne retirent donc pas un kopeck de l’argent qu’ils prêtent au pays ! Un phénomène rare pour l’Agence France Trésor et une aubaine pour l’État car ces taux très faibles donnent une plus grande souplesse pour le financement de la dette.
L’hexagone n’est pas le seul pays européen à bénéficier de ces taux aussi peu élevés. L’Allemagne en profite également : le rendement sur 10 ans pourrait bien passer sous le seuil des 0% — ce jeudi, il pointait à 0,08%, encore moins haut donc que la France.
La BCE met de l’huile dans la machine européenne
Ces chiffres sont rendus possibles grâce à l’intervention de la Banque centrale européenne, dont le programme d’achat de dette publique concerne d’abord celles de l’Allemagne et de la France : ces deux pays sont parmi les principaux contributeurs dans le capital de la BCE. Mario Draghi a de plus assuré que le programme d’émission monétaire allait se poursuivre jusqu’à son terme. Les spéculations voulant que la BCE cesse d’acheter de la dette sont particulièrement prématurés, a-t-il jugé, coupant court aux rumeurs… Un discours qui favorise encore plus la baisse des taux d’intérêt.
La BCE fait maintenant face à une autre pression. Certains pays et plusieurs économistes aimeraient voir l’institution de Francfort acheter en volume des obligation émises par la BEI (Banque européenne d'investissement), ce qui permettrait à cette dernière de financer des projets dans la zone euro. La Banque centrale européenne, principal financier de la reprise sur le vieux continent ? On est loin de la mission d’origine de la BCE qui est de combattre l’inflation.