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Tous les candidats à la migration ne connaissent pas la même réussite. Celle-ci suppose que le postulant dispose d'un capital. Capital financier pour payer son passage et ses premiers frais d'installation, capital intellectuel pour "vendre" sa force de travail et ses compétences dans le pays d'accueil, ou capital relationnel pour s'appuyer sur un réseau comprenant notamment les représentants de la diaspora installée. Sinon c'est la galère pour ceux qui ont cru trouver l'Eldorado.
Ces migrants pratiquent ce que les britanniques appellent "asylum shopping" et que nous traduisons maladroitement par "shopping migratoire". Choisir le pays où ils auront le plus d'avantages et le moins d'inconvénients. La France est un pays attractif parce qu'elle est très généreuse en matière de santé, d'éducation, de soutien social et d'aide au retour. Elle permet aussi depuis l'institution de la Cour Nationale du Droit d'asile de rester en moyenne 630 jours nourris, logés et soignés avant d'obtenir une réponse. Et de limiter les expulsions grâce à la mobilisation des associations d'aide aux sans-papiers.
En revanche elle n'est pas performante en matière d'offre de travail et de logement et de convivialité dans l'accueil. Sa générosité est aussi limitée concernant l'obtention du statut de réfugié ou l'octroi d'un titre de séjour. Les études que nous avons faites montrent que, sur une longue période, moins de la moitié des migrants en situation irrégulière ont obtenu satisfaction.
La migration irrégulière provoque un déficit annuel pour l'Etat de 4,6 milliards d'euros. Chiffre à méditer en ces temps de crise. Le nouveau ministre de l'intérieur, Manuel Valls, annonce qu'il n'y aura pas de régularisation massive des sans-papiers mais qu'on examinerait les demandes au cas par cas. Son prédécesseur socialiste en 1997, Jean-Pierre Chevènement avait donné les mêmes assurances. Mais sur les 115.000 dossiers déposés à l'époque, plus de 105.000 ont été finalement été régularisés.