Depuis le début du XXIe siècle, le football est clairement devenu un outil de soft power. Il permet à certains Etats comme les Pays du Golfe d’affirmer leur présence stratégique dans le monde et de développer leur notoriété
Les Emirats Arabes Unis et le Qatar ne cessent d’investir dans le football mondial. La Coupe du monde 2022 qui se tiendra à Doha en étant le principal exemple. Itinéraire d’investissements stratégiques au bénéfice de leur notoriété auxquels l’Arabie Saoudite a décidé de prendre sa part.
Une présence sur le long-terme
En 2008, le groupe Abu Dhabi Holdings acquérait le club de Manchester City pour quelque 305 millions d’euros dans l’optique d’en faire un grand d’Europe. Puis, la guerre du Golfe continuait à distance quand Qatar Sports Investment a racheté le Paris-Saint-Germain en 2011.
Depuis, ce sont plus d’1,5 milliard de dollars qui ont été investis par les Pays du Golfe dans le football mondial, ce qui témoigne de leur volonté de s’installer sur le long terme. Entre rachats de clubs et mise en place d’opérations sponsoring, les pays du Moyen-Orient affirment leur présence.
Et les acheteurs orientaux n’ont pas froid aux yeux lorsqu’il s’agit de dépenser sans compter. Selon Statista, les deux plus grands investisseurs sur le marché des transferts depuis 2008 sont tous deux détenus par des pays du Golfe : plus d’1,2 milliard d’euros lâchés par Abu Dhabi à Manchester City et 834M€ dépensés par Qatar Sports Investment avec le Paris-Saint-Germain.
Des investissements qui continuent
Aujourd’hui, de nouveaux clubs sont ciblés par le Qatar et l’Arabie Saoudite.
En Angleterre d’abord, des négociations avec l’Arabie Saoudite pour un rachat de Newcastle United autour des 300 millions de livres sterling sont en cours.
Fait du hasard ou non, c’est Leeds United, club historique du football anglais, titré à plusieurs reprises et disposant d’une grande base de supporters qui intéresse dans la foulée Qatar Sports Investment.
Dans le cas où ces opérations aboutissent, la crise du Golfe s’exporterait en Angleterre avec des affrontements entre clubs d’appartenance saoudienne comme Newcastle United, qatarienne avec Leeds United et émiratie avec Manchester City.
Des astuces pour la multipropriété
Pour QSI, un problème pourrait se poser puisque l’UEFA interdit la multipropriété de clubs dans une même confédération. Après tout ce qui a été fait au Paris-Saint-Germain, la valorisation du club qui ne cesse de grimper, l’effet “Paris” notamment sur l’économie touristique qatarienne, il semble impensable de voir QSI laisser le club de la capitale pour s’engager ailleurs en Europe.
A ce moment-là, les dirigeants qatariens pourraient opter pour la “stratégie Red Bull”. La firme autrichienne donne son nom au RB Salzburg en Autriche dont elle est propriétaire et au RB Leipzig en Allemagne dont elle n’est qu’actionnaire non majoritaire. Ainsi, cela lui évite de se heurter à la contrainte de multipropriété tout en créant une complémentarité sportive entre ses deux clubs.
Quant à la France, une rumeur insistante tourne autour de l’Olympique de Marseille, qui avec son billet pour la Ligue des Champions devient une proie pour les investisseurs.
En effet, bon nombre de médias insinuent que le propriétaire actuel de l’OM Frank McCourt serait en discussions avancées avec le prince saoudien al-Walid Bin Talal pour une vente du club phocéen, aujourd’hui dans le flou économiquement.
Là encore, si ces opérations aboutissent, des affrontements au goût géopolitique opposeraient le club du PSG dont les propriétaires sont Qatariens à l’OM et ses potentiels acquéreurs saoudiens… Ou comment passer du Clasico au Golfico.