Ils auraient bien tort de ne pas le demander ! Cela fait trois ans d’affilée que leur salaire est gelé. C’est notamment pour réclamer des hausses de salaires que les fonctionnaires sont appelés par plusieurs syndicats à défiler aujourd’hui et à faire grève dans toute la France. En fait, cette journée nationale est surtout un moyen de mettre la pression sur le gouvernement avant l'ouverture des négociations salariales prévue la semaine prochaine.
Mais où en est vraiment le pouvoir d’achat des fonctionnaires ? D’après les syndicats, il ne cesse de reculer ces dernières années, les salaires -et le fameux point d’indice- ayant augmenté moins vite que l’inflation depuis 2000. Soit. Mais les syndicats oublient, et c’est sans doute de bonne guerre, d’inclure dans leur calcul les primes et les indemnités, qui ont continué à augmenter –de 6,4% en 2010 et de 7,5% en 2009-, et l’avancement automatique au fil des années d’ancienneté, qui permet aux agents d’accroître leurs revenus.
D'après les chiffres du Ministère, en 2010, les fonctionnaires ont gagné en moyenne 2 155 euros net par mois, qu’ils travaillent au service de l’Etat (2459 euros), dans les hôpitaux (2 205 euros) ou dans les collectivités (1 800 euros). Evidemment ces chiffres cachent, on le voit, de nombreuses disparités, car les agents de l'Etat (44% des fonctionnaires) sont bien mieux payés que leurs collègues de la fonction publique territoriale par exemple, notamment parce qu'il y a parmi eux plus de cadres. Toujours est-il que dans le privé, le salaire net moyen cette année-là s'élevait à 2 082 euros. Et c’est là que le bât blesse ! Si l’on se sert de l’outil mis en place hier par l’Observatoire des inégalités pour savoir si l’on est « riche ou pauvre », on se rend même compte qu’en 2010, 71% des salariés français du secteur privé gagnaient moins que les fonctionnaires...
On pourrait ajouter que ces derniers ont un emploi à vie, même si en réalité, 16,5% d’entre eux, soit tout de même 875 000 personnes, travaillent dans la fonction publique sans avoir le statut de fonctionnaire et sont donc embauchés notamment en vacataire ou en CDD.
Une chose est sûre : comparaison n'est pas raison. Le débat sur les privilèges des fonctionnaires, réels pour certains, supposés pour d’autres, n’a pas fini de déchaîner les passions…