Fonctionnaires : le sabotage de l’intérêt général

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Par Agnès Verdier-Molinié Publié le 24 août 2013 à 4h44

Les contrôles sur les dépenses ou l'évaluation des agents est inexistant ou presque. L'accumulation des avantages, notamment dans les entreprises publiques, tourne à la farce. En même temps l'Etat esclavagiste use et abuse d'un million de contractuels dépourvus de tout droit. Avec l'éclairage violent de la crise, des tabous sont en train de tomber et l'édredon d'hier, cent fois loué, sera bientôt un fruit mûr.

L'administration française est un essaim. Un organisme bourdonnant, tentaculaire et solidaire , une agrégation de centaines de milliers de fonctionnaires, qui font bloc à la moindre contrariété. Au-delà de leur remarquable solidarité, les agents du service public ont d'autres qualités : leur force d'inertie, leur réactivité et leur inventivité, que la majorité d'entre eux ont choisi de mettre au service d'une grande cause : leur intérêt qu'il s'agit de préserver à tout prix. Leurs armes ? Le refus d'obtempérer, les grèves, les coups de force, les actions de blocage. Bref, une forme discrète de sabotage. Car s'il faut en passer par là, dégradant au passage le concept de service public, voire l'économie nationale pour protéger statut et acquis sociaux, ils n'hésiteront pas. Ils ? Les membres pléthoriques et disparates du plus grand lobby de France, et surtout du plus puissant. Le lobby des fonctionnaires.

Sous couvert de défense du sacro-saint service public, voire de l'intérêt général, à coups de "grèves solidaires" ou de "grèves par procuration", ils usent les ministres et les gouvernements avec une obstination remarquable, en imposant bruyamment leur présence dans les médias. Alors, peu importé que leurs grèves incessantes et souvent injustifiées fassent perdre à leur "entreprise" plusieurs millions d'euros par jour. Les contribuables paieront la facture.

Au-dessus des lois ?

Bien au-delà de l'exercice légal du droit de grève, ces actions peuvent prendre différentes formes. En premier lieu, on trouve les actes de malveillance, qui nécessitent peu de moyens pour un résultat spectaculaire Les coupures sauvages de gaz ou d'électricité, par exemple, cachent souvent une grève ratée, que les syndicats d'EDF vont transformer en une opération de résistance réussie.

« Le gaz, c'est juste un robinet qu'on ferme, et l'électricité, des manettes qu'on abaisse », explique un syndicaliste. Les coupures de courant font partie des grands classiques. Les premières ont lieu à Paris, dès 1905, qui ont permis aux électriciens d'accéder au statut privilégié de personnels municipaux, avec à la clé des augmentations de salaire et des congés payés. C'est facile...et ça marche ! Tant et si bien qu'en 1909, paraissent un ouvrage d'Emile Pataud et Emile Pouget, Comment nous ferons la révolution, qui détaille la plus moderne des armes de la lutte sociale : le sabotage par les coupures de courant.

Les fonctionnaires contre l'Etat, Agnes Verdier-Moliné, Editions Albin Michel, 17 Euros

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Agnès Verdier-Molinié est la directrice de la Fondation iFrap, think tank indépendant, depuis décembre 2009. Elle est diplômée d’Histoire économique contemporaine. Elle a été élue « personnalité Think Tank de l’année 2010 ». Elle a notamment publié : « La Mondialisation va-t-elle nous tuer ? » aux Editions Jean-Claude Lattès « Fonctionnaires contre l’Etat. Le grand sabotage » aux Editions Albin Michel.