Fonction publique : l’absentéisme, ce fléau

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Par Alain Mathieu Modifié le 12 septembre 2012 à 4h04

La volonté de faire table rase des cinq années du Président Sarkozy pousse les socialistes dans une impasse économique et sociale. L’exemple actuel des revendications syndicales visant à supprimer le jour de carence pour versement des indemnités dans le cas des congés maladie dans la fonction publique est éloquent.

Pour rappel, dans les entreprises, le versement des indemnités journalières en cas de maladie est assujetti à un délai de carence de 3 jours pendant lesquels le salarié ne reçoit rien de la part de l’assurance maladie. Ce délai est même porté à 7 jours pour les indépendants. Dans la fonction publique, ce délai n’existait pas il y a encore peu de temps, il est passé de justesse à un jour en décembre 2011.

Mais voilà, il faudrait le supprimer. Pourtant, rien ne justifiait l’existence d’un tel avantage en faveur des fonctionnaires, a fortiori un retour à la situation précédente. En effet, la comparaison de l’absentéisme dans le privé et la fonction publique est éloquente. Alors qu’il se maintient historiquement sous la barre des 4 % dans les entreprises, il dépasse le plus souvent les 8 % dans la fonction publique et atteindrait même 12 % dans les collectivités locales.

Pire, alors que la crise semblerait pousser à la baisse l’absentéisme dans les entreprises, la fonction publique voit ce phénomène s’accélérer inexorablement. Rappelons que cet absentéisme à un coût. Pour les entreprises comme pour la fonction publique, chaque jour non travaillé a des effets sur l’efficacité et la productivité du travail. En utilisant une méthode assez grossière d’approximation, portant sur la masse salariale totale de la fonction publique (247 milliards d’euros), l’absentéisme des fonctionnaires pourrait coûter 24 milliards d’euros par an à la collectivité.

Le diviser par deux (le ramener au niveau du privé) pourrait donc rapporter jusqu’à 12 milliards d’euros par an. A ce titre, la raison principale de l’existence du jour de carence est d’ordre préventif. Cette mesure vise en effet à juguler "l’absentéisme de confort" des salariés, qui se traduit par des absences répétées de courte durée, bien souvent le lundi et le vendredi.

Plutôt que supprimer la mesure du précédent gouvernement, la gauche devrait s’en inspirer et allonger le délai. Instaurer 3 jours de carence dans la fonction publique contribuerait ainsi à lutter contre l’absentéisme endémique, réduirait son coût pour le contribuable et conduirait à plus d’égalité entre les Français.

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Alain Mathieu est président de l’association Contribuables Associés (200 000 membres). Polytechnicien et docteur ès sciences économiques, il s’intéresse depuis plus de 10 ans au fonctionnement de la société française et a publié deux ouvrages : « Le modèle anti-social français », en 2008, et « Ces mythes qui ruinent la France », en 2011.