C'est sur que lorsque l'on voit les comptes de la Nation et la dette publique, (au moins 1800 milliards d'euros), et de l'autre côté, la cagnotte de l'assurance-vie (1400 milliards), c'est tentant de vouloir piocher un peu dedans... Cela s'est d'ailleurs déjà vu : en Slovaquie, le gouvernement a "nationalisé" une partie de l'épargne privée sur les contrats d'assurance-vie pour renflouer le système de retraite publique.
Mais en France, on fait dans la douceur, la finesse. Quand Jérome Cahuzac, le ministre du Budget, parle de l'assurance-vie devant des banquiers et des assureurs à l'Assemblée, il se garde bien de laisser paraître les étoiles dans ses yeux. "Le gouvernement pourrait privilégier des dispositions incitant […] à ce qu'une partie de cette épargne puisse s'investir dans le secteur immobilier. […] On parle là de quelques dizaines de milliards d'euros, et non pas au-delà. Ce serait donc une utilisation marginale, mais nécessaire pour un secteur qui aujourd'hui souffre énormément". (cité par Les Echos ce matin).
Les assureurs et banquiers qui proposent des contrats d'assurance-vie à leurs clients, et leur vendent en même temps un rendement (les fameux packs "Prudence / Père de Famille / Dynamique / Ambition" en fonction des rendements et de la prise de risque acceptée) se verraient donc contraints par décret ou par la loi d'investir une part des sommes qui leur sont confiées dans de la promotion immobilière. Mais évidemment, leur réponse a été unanime : pour quel rendement ? Si c'est pour faire 1%, ou même perdre de l'argent, ils ne sont pas très enthousiastes. Et demandent à l'Etat de garantir la différence entre le rendement moyen de leurs placements (3 %) et le rendement que la promotion immobilière leur permettrait d'obtenir. Et évidemment, le gouvernement répond qu'il n'a pas le sou pour cela.
Au final, si cette solution est adoptée, ce seront fort probablement les contrats d'assurance-vie qui trinqueront, faisant baisser leur rendement (à 2,8 ou 2,5 % ?), les rendant un peu moins attractifs... si ce n'est leur fiscalité (encore) très avantageuse.