"Vraie fibre" ? "Fausse fibre" ? Câble ? Une bataille aux enjeux économiques gigantesques pour les opérateurs a lieu depuis plusieurs années opposant, essentiellement, Numericable-SFR à Orange (et en moindre mesure Free). Le gouvernement a tranché : il a encadré vendredi 25 mars l'utilisation de ces termes par une très attendue publication au Journal Officiel. Et la guerre est maintenant déclarée.
FTTH vs FTTB : une seule vraie fibre pour les contrôler tous
Actuellement, en France, deux technologies se livrent bataille pour apporter la fibre aux Français et des clients aux opérateurs : le FTTH ("Fiber To The Home"), qui relie l'abonné en fibre optique directement au niveau de l'appartement, et le FTTB ("Fiber To The Building") qui ne relie l'abonné en fibre optique que jusqu'au pied de l'immeuble, la connexion étant ensuite assurée par le câble.
La première technologie est essentiellement déployée par Orange, la seconde par Numericable-SFR. Or les deux opérateurs se vantent de proposer de la "fibre optique" et du "Très Haut Débit". Pourtant, selon l'Arcep, les deux technologies ne sont pas égales, notamment en termes d'envoi de fichiers : le FTTB étant une technologie asymétrique propose certes un débit descendant semblable à la connexion 100 % fibre, mais pas un débit montant comparable.
Numericable visé par le gouvernement annonce des recours
La publication, vendredi 25 mars 2016 au Journal Officiel, de la distinction entre vraie et fausse fibre vise essentiellement Numericable-SFR : le géant détenu par la holding luxembourgeoise Altice se vante en effet d'être le premier opérateur en nombre d'abonnés très haut débit grâce à la facilité de déploiement du FTTB par rapport au FTTH. Il va falloir qu'il modère ses propos.
Désormais Numericable devra préciser que sa fibre optique n'est pas reliée au domicile de l'abonné par la mention "sauf raccordement au domicile". Un détail qui va jouer beaucoup lors des campagnes publicitaires : si un ménage peut choisir entre l'une et l'autre fibre, ce qui n'est pas le cas de tout le monde, il choisira probablement celle d'Orange et son débit symétrique.
L'opérateur de Patrick Drahi ne compte pas se laisser faire : il a jusqu'au 1er juin 2016 pour mettre ses messages publicitaires aux normes et jusqu'au 1er mars 2017 pour préciser la différence dans ses documents commerciaux. Mais entre-temps il a déjà annoncé étudier "tous les recours possibles" pour faire annuler cet arrêté.