Les feux de cheminée interdits en 2015 ?

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Par Charles Sannat Publié le 30 janvier 2013 à 9h50

Bon, je suis désolé mais aujourd’hui il ne s’est pas passé grand-chose dans le monde. Il y a bien l’indice de confiance du consommateur américain qui s’effondre mais ce doit être une preuve supplémentaire du retour de la « crôassance »… Donc vraiment j’ai dû me gratter la tête longuement avant de vous trouver des sujets fondamentalement sans intérêt mais qui, mis bout à bout, donnent une image assez particulière de notre société ; en plus je les trouve assez drôles, et dans ce monde de fou nous avons besoin de rire. Enfin vous peut-être pas, mais moi c’est sûr.

On a une ministresse dont j’adore le prénom  : Fleur… C’est doux, joli et poétique. Donc Fleur Pellerin veut faire accompagner les créateurs d’entreprise. J’adore cette idée de faire accompagner les entrepreneurs par des fonctionnaires…

Fleur Pellerin souhaite que les créateurs d’entreprises soient mieux accompagnés

Bon, j’entends ma femme derrière qui me dit que je fais encore du mauvais esprit sur les fonctionnaires et que c’est facile (c’est son côté socialiste). Non, c’est vrai, au fond elle a raison. Je trouve même que pour des gens qui ne risquent pas grand-chose et qui ont la sécurité de l’emploi, globalement, quoi qu’ils fassent, ils se comportent plutôt de façon exemplaire, et pour une fois ce n’est pas ironique. Après, qu’ils soient trop nombreux c’est un autre sujet dont chaque fonctionnaire individuellement ne peut être tenu pour responsable.

Pourquoi j’attaquais bille en tête notre ministresse là-dessus ? C’est parce que regardez ce qu’elle a déclaré, c’est maintenant que l’on peut commencer à rire un peu. « L’écrasante majorité des entreprises créées en France le sont sans salariés, et c’est un sujet de préoccupation qui révèle un accompagnement insuffisant des entrepreneurs prometteurs. »

Bravo Madame la ministresse. Personne n’est là pour vous dire qu’un entrepreneur, qu’il soit prometteur ou non d’ailleurs, n’a pas besoin d’être accompagné et tenu par la main pour savoir s’il doit recruter ou non un salarié. En gros, il fait un calcul du style « combien que je gagne moins combien que tu vas me coûter moins combien l’État va me piquer en plus sous forme d’impôts égal la tête à ToTo et je recrute pô ». Voilà l’équation de l’entrepreneur de base… Mais ce sont des mathématiques. C’est trèèèèès compliqué.

Il faut dire que Madame la ministresse Pellerin analysait avec brio les chiffres détaillés de créations d’entreprises diffusés mardi par l’Insee. Selon notre Institut national de la statistique, « la majorité des entreprises créées (95 %) n’ont aucun salarié ». Pour l’Insee, cela est lié « à la part élevée des nouveaux auto-entrepreneurs » qui représentent 56 % des créations. Mais « même hors auto-entrepreneurs, la part des entreprises employeuses reste faible (12 %) ». « Pour augmenter la proportion de nouvelles entreprises de croissance dans la création d’entreprises, notre pays doit être en mesure de mieux repérer les potentiels et de mieux accompagner les entrepreneurs de croissance », a-t-elle estimé, s’engageant à « rompre la solitude de l’entrepreneur ».

Elle est gentille Fleur quand même, elle veut rompre la solitude du chef d’entreprise. Elle va bientôt nous annoncer le lancement des entrepreneurs anonymes… Bonjour, je m’appelle Jacques, j’ai cinquante ans, je suis entrepreneur mais j’essaie d’arrêter j’en peux plus… Je vais partir en Belgique !! Eh oui ma chère Fleur, si je peux me permettre une ou deux remarques. Le problème du chef d’entreprise n’est pas d’être seul, il est d’être mal accompagné… par les agents de l’État qui devraient juste lui permettre de le laisser entreprendre en paix. Trop de normes, trop de règles, trop d’impôts, trop de taxes, trop d’incertitudes fiscales, trop de tout égal moins de création de richesse et moins d’emplois.

En France, ma chère Fleur, nous avons décidé de taxer le travail très fortement. Résultat : il y a moins de travailleurs au travail (ce n’est pas la seule raison mais c’est l’une des raisons). Alors il faut verser à tous ces inactifs des aides. On leur donne un RSA pour vivre. Puis une CMU pour se soigner. Puis des APL pour se loger… Ils nous coûtent cher. C’est le prix de la solidarité et de l’assistance. Un candidat à la présidentielle avait proposé une excellente mesure. Simple. Efficace. Brillante. Pour toute entreprise sans salarié, pour le 1er salarié acheté, toutes les charges sont offertes. Un Smic à 1 000 € égal un coût de 1 000 € pour la toute petite entreprise.

Alors Fleur, posons un autre calcul simple. Soit 3 millions le nombre d’entreprises sans salariés. Soit 20 % le nombre d’entreprises sans salariés qui veulent recruter mais ne peuvent pas en raison de la rigidité du droit du travail (une entreprise d’une personne ne peut pas se permettre un conflit aux Prud’hommes) et du coût du travail égal potentiellement 600 000 emplois créés en un an par une simple mesure qui ne coûte rien. Elle ne rapportera rien, mais elle ne coûtera rien. Pour le 2e salarié, on peut imaginer une remise de 50 % des charges sociales par exemple.

Mais non, nous préférons les emplois d’avenir… Sans aucun avenir, juste une voie de garage supplémentaire comme on en fabrique depuis 30 ans. 30 ans que chaque ministre nous ressort les mêmes âneries. Mais rassurez-vous, notre jolie Fleur nous a rappelé qu’elle vient de signer avec le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg la « charte nationale du mentorat entrepreneurial », visant à encadrer et développer cette pratique qui a déjà fait ses preuves. Évidemment, si les chefs d’entreprises commencent à se parler entres eux et à s’entraider, il faut vite encadrer ces pratiques dangereuses pour la société.

Cela me fait penser à la blague soviétique du temps de l’URSS. Vous savez pourquoi les policiers soviétiques se promènent par trois ? Le premier sait lire. Le deuxième sait écrire. Le troisième surveille ces deux dangereux intellectuels… Sans commentaire.

D’ailleurs, il faut que je vous dise : en fait l’État français – et pas que le nôtre – a un vrai problème. Ils ne veulent jamais laisser les gens faire… Encore une fois, tout doit être encadré et, dans les cas extrêmes, bien sûr interdit. On interdit de tuer (je suis pour), on interdit d’agresser (je suis pour), et puis on interdit des choses et puis encore d’autres, et un jour on interdit les feux de cheminée… C’est dangereux de faire un feu de cheminée, en plus vous achetez du bois ou vous en récupérez dans la forêt ou dans votre jardin (ce qui est pire) et vous n’engraissez plus au passage soit l’industrie nucléaire soit l’industrie pétrolière au choix.

Les feux de cheminée interdits !!

Eh oui, vous avez bien lu. Interdits les foyers ouverts qui sont dans le collimateur de la préfecture qui souhaite les interdire dès 2015 en Île-de-France.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.