Richard Ferrand, l’impressionnant déni de justice

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Par Eric Verhaeghe Publié le 29 mai 2017 à 10h22
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cc/pixabay - © Economie Matin
400000 EUROSLe crédit Agricole du Finistère a accordé un prêt de 400 000 euros à Mme Ferrand.

Tiens, Ferrand ne sera pas inquiété par le parquet de Brest (placé sous l’autorité de l’éminent garde des Sceaux François Bayrou, exemple vivant du renouvellement jusqu’au bout et de la moralisation faite homme), qui a considéré – à rebours, semble-t-il, de l’analyse des avocats des Républicains – qu’il n’y avait dans le dossier révélé par le Canard Enchaîné, matière ni à fouetter un chat, ni à fouetter une chatte, ni à ouvrir une enquête préliminaire.

La position du parquet est tellement risible qu’on se tient les côtes pour ne pas en perdre une à force de pouffer.

Mme Ferrand a réussi un miracle bancaire

Compte tenu des dispositions du Code de la Mutualité, pour que le parquet ne trouve rien à redire au dossier, il faut donc que l’épouse de l’alors directeur général des Mutuelles des Bretagne ait pu obtenir du Crédit Agricole du Finistère un prêt de 400.000€, soit 100% de la valeur du bien, sans arguer qu’elle avait déjà trouvé un locataire solide et sérieux: l’entreprise de son mari.

Si, en effet, le Crédit Agricole avait consenti ce prêt en contrepartie d’un engagement pris par la mutuelle, alors, il y avait violation du Code de la Mutualité.

Si le parquet ne s’est pas saisi, c’est que le Crédit Agricole a dû accepter de filer 400.000€ à une SCI capitalisée à hauteur de 100 euros, pour l’achat d’un bien de 400.000€ sans demander la moindre garantie, la moindre signature, la moindre preuve que le bien serait loué. Bravo, Mme Ferrand, pour avoir convaincu aussi facilement cette banque pourtant peu connue pour son indulgence de lâcher l’oseille. Cette décision fera jurisprudence pour toutes les entreprises de France qui sont sur le grill lorsqu’elle veut acquérir un bien professionnel.

Ferrand, Fillon, deux poids deux mesures, évidemment

Je fais partie des Français qui ont mis une pince à linge sur le nez lorsque l’affaire Fillon a éclaté. Sur le fond, les montants en jeu étaient équivalents à ceux qui se jouent dans l’affaire Ferrand. Pourquoi, dans un cas, le Parquet national financier s’est-il saisi du dossier dans les heures qui ont suivi sa révélation, diffusant ensuite systématiquement à la presse les procès-verbaux d’audition avec la claire intention de nuire? Pourquoi, dans l’autre, ni le parquet national ni le parquet local ne se saisissent-ils, alors qu’une disposition légale a potentiellement été violée par l’impétrant?

On avait cru que le renouvellement jusqu’au bout et que la moralisation de la vie politique auraient une autre odeur que celle du réchauffé.

Article écrit par ERic Verhaeghe pour son blog

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "