Automobile : Après Peugeot, Renault maintenant Goodyear. Et qui demain ?

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 1 février 2013 à 6h17

Le délégué CGT de Goodyear Amiens Mikael Wamen, a poussé un coup de gueule / cri du coeur hier. L'élu syndical a eu des mots très durs pour le gouvernement, lui reprochant de consacrer toute son énergie au mariage pour tous, plutôt qu'à l'emploi pour tous. C'est vrai qu'à regarder la scène de loin, "de Paris", on a vraiment l'impression que le ministre du Redressement Productif comme les autres en charge de l'emploi ou de l'industrie ont découvert que le feu couvait à Amiens chez Goodyear.

Pourtant, cela faisait des années que la direction de l'équipementier tirait la sonnette d'alarme ! "La fermeture de l'usine est la seule option possible après cinq années de négociations infructueuses" soutient le groupe dans un communiqué. Cinq années pendant lesquelles le marché automobile français, mais aussi plus largement européen, s'est effondré. - 25 % pour la France en cinq ans. Or, le volume d'affaires représenté par la première monte; sur les voitures neuves, est stratégique pour un équipementier comme Good Year, qui est soumis à rude concurrence lors du remplacement des pneus. Entre les pneumatiques de marque distributeur (Speedy, Midas), dont les réseaux vantent largement les mérites à leurs clients, et tous les pneus de fabrication chinoise ou coréenne, proposés au tiers du prix d'un pneu de marque, difficile de se frayer un chemin jusqu'aux jantes des automobilistes.

Résultat, Goodyear ferme son usine d'Amiens, et licenciera inéluctablement ses 1173 salariés. Plutôt que d'entrer dans une résistance vaine, et politiquement risqué, Arnaud Montebourg et ses équipes du ministère du Redressement productif devraient désormais remonter systématiquement toute la chaîne des fournisseurs de l'industrie automobile ayant encore des sites de production en France. Afin de voir qui peut encore être sauvé, plutôt que de découvrir trop tard, dans la presse, que la fermeture de tel ou tel est inéluctable.

Les équipementiers peuvent en effet se diversifier, et notamment fournir des pièces pour d'autres industries en meilleure santé, comme par exemple l'aéronautique. Encore faut-il qu'on les accompagne, plutôt que de les accabler dans leurs difficultés...

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).