Le délégué CGT de Goodyear Amiens Mikael Wamen, a poussé un coup de gueule / cri du coeur hier. L'élu syndical a eu des mots très durs pour le gouvernement, lui reprochant de consacrer toute son énergie au mariage pour tous, plutôt qu'à l'emploi pour tous. C'est vrai qu'à regarder la scène de loin, "de Paris", on a vraiment l'impression que le ministre du Redressement Productif comme les autres en charge de l'emploi ou de l'industrie ont découvert que le feu couvait à Amiens chez Goodyear.
Pourtant, cela faisait des années que la direction de l'équipementier tirait la sonnette d'alarme ! "La fermeture de l'usine est la seule option possible après cinq années de négociations infructueuses" soutient le groupe dans un communiqué. Cinq années pendant lesquelles le marché automobile français, mais aussi plus largement européen, s'est effondré. - 25 % pour la France en cinq ans. Or, le volume d'affaires représenté par la première monte; sur les voitures neuves, est stratégique pour un équipementier comme Good Year, qui est soumis à rude concurrence lors du remplacement des pneus. Entre les pneumatiques de marque distributeur (Speedy, Midas), dont les réseaux vantent largement les mérites à leurs clients, et tous les pneus de fabrication chinoise ou coréenne, proposés au tiers du prix d'un pneu de marque, difficile de se frayer un chemin jusqu'aux jantes des automobilistes.
Résultat, Goodyear ferme son usine d'Amiens, et licenciera inéluctablement ses 1173 salariés. Plutôt que d'entrer dans une résistance vaine, et politiquement risqué, Arnaud Montebourg et ses équipes du ministère du Redressement productif devraient désormais remonter systématiquement toute la chaîne des fournisseurs de l'industrie automobile ayant encore des sites de production en France. Afin de voir qui peut encore être sauvé, plutôt que de découvrir trop tard, dans la presse, que la fermeture de tel ou tel est inéluctable.
Les équipementiers peuvent en effet se diversifier, et notamment fournir des pièces pour d'autres industries en meilleure santé, comme par exemple l'aéronautique. Encore faut-il qu'on les accompagne, plutôt que de les accabler dans leurs difficultés...