Ce n'est pas parce que l'Etat est actionnaire à 84% d'EDF que ce dernier va faire tout ce que veut l'Etat. Si lors de la présentation des résultats, décevants, de l'énergéticien Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF, a demandé à l'Etat de procéder à une nouvelle forte augmentation des tarifs des particuliers, il a également annoncé la couleur concernant les centrales nucléaires : elles ne seront pas fermées ! Voilà qui ne devrait pas plaire à Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie à l'origine de la loi sur la Transition Energétique.
EDF contre l'Etat sur la fermeture des centrales
Invité mardi 16 février 2016 sur RTL pour commenter les résultats de l'énergéticien, Jean-Bernard Lévy a également commenté la loi de Transition énergétique qui prévoit la réduction de la production du parc nucléaire français. A l'horizon de 2025, soit dans moins de 10 ans, l'électricité produite par le nucléaire ne doit plus représenter que 50 % du mix énergétique de la France.
Actuellement, le nucléaire représente 77 % de ce mix énergétique. Selon la Cour des Comptes, la loi de Transition énergétique voulue par Ségolène Royal afin de faire la part belle aux renouvelables entraînerait la fermeture d'une vingtaine de réacteurs nucléaires. Un tiers du parc, donc, serait à l'arrêt.
EDF n'a aucune intention de le faire : "nous allons garder notre parc au niveau où il est aujourd'hui: lorsque le réacteur de Flamanville sera disponible, nous devrons retirer deux réacteurs du parc actuel" a déclaré le PDG d'EDF sur RTL. Les réacteurs en question pourraient être ceux de Fessenheim...
Pas de fermeture de centrales en vue ?
Jean-Bernard Lévy va plus loin. Selon lui : "l'État a donné son accord pour que nous modernisions le parc actuel de façon à ce que la durée de vie qui a été conçue pour 40 ans, nous la montions à 50 et 60 ans. Nous n'avons pas prévu, en liaison avec l'État, de fermer d'autres centrales que les deux qui sont prévues. Il n'y a pas d'autres fermetures de prévues dans les dix ans à venir."
Pas de fermeture prévue signifie tout simplement que la loi de Transition Energétique ne va pas être appliquée. L'Etat a-t-il donné son accord pour ne pas appliquer sa propre loi ?
Ce qui paraît d'autant plus étrange étant donné que, selon le PDG d'EDF, il faudrait investir 100 milliards d'euros d'ici 2030 afin de rénover le parc. L'Etat étant actionnaire majoritaire d'EDF, ce sera à l'Etat, donc aux contribuables, de payer pour cette rénovation et ces travaux censés porter à 50 voire 60 ans la durée de vie des centrales nucléaires, initialement prévues pour 40 ans de services.