Les opérateurs se sont focalisés sur la question grecque ces dernières semaines mais en élargissant le spectre on se rend rapidement compte que la FED reste au cœur de l’attention des marchés…
Le comportement de l’euro face au dollar reste le meilleur marqueur de la divergence de politique monétaire entre la FED et la BCE. Mais la baisse s’est brutalement accentuée quelques heures après l’annonce d’un accord de principe sur la poursuite des discussions pour un troisième programme d’aide entre la Grèce et ses créanciers, ce qui peut sembler paradoxal dans un contexte global de détente du risque. Après avoir flirté avec les 1.1200$ quelques minutes après l’annonce d’un accord lundi 13 juillet, l’euro s’est enfoncé pour faire une incursion sous la zone symbolique et technique des 1.1000$...et a poursuivi sa baisse en direction des 1.0800$ dans les jours qui ont suivi.
A première vue on pourrait en conclure qu’un accord des créanciers avec la Grèce obligera la BCE à rester vigilante sur l’évolution des liquidités et des risques associés et qu’elle pourrait même accroître son soutien dans le cadre du QE ou par l’usage d’autres outils de politique monétaire pour limiter l’impact de la crise grecque sur le reste de la zone. Ou même étendre le raisonnement en considérant qu’une normalisation de la situation de la Grèce au sein de la zone euro pourrait permettre au pays d’être éligible au QE ce qui aurait mécaniquement un effet baissier sur la devise européenne face au dollar…
Mais ce raisonnement exclut le comportement des autres devises face au dollar…Or c’est bien ça qui crève l’écran depuis plusieurs jours: le renforcement du dollar. Face à au yen, au franc suisse, au dollar canadien, au dollar australien, etc…l’évolution du Dollar Index (qui représente l’évolution du dollar face à un panier diversifié de devises) traduit ce renforcement très net du billet vert. Cet indice est passé en 1 mois de 94.00 à 98.00 soit plus de 4% de hausse.
En ce qui concerne les taux US, le 2 ans est passé de moins de 0.55% le 9 juillet à plus de 0.70% ce lundi. Même constat pour le taux à 10 ans qui est passé au cours de la même période de 2.20% à plus de 2.40%. Plusieurs facteurs à l’origine de ces mouvements : tout d’abord les dernière « minutes » de la FED, qui auraient pu être accommodantes avec des statistiques macroéconomiques relativement mitigées ces derniers mois mais qui ont laissé transparaître la volonté de normalisation progressive de la politique monétaire.
Deuxième élément : les déclarations du président de la FED de Boston, Eric Rosengren, perçu comme une « colombe » par les marchés et qui a estimé qu’il serait « approprié d’agir dès septembre » si le marché du travail poursuivait son embellie tout comme les anticipations d’inflation. Les derniers chiffres d’inflation (IPC notamment) n’ont pas montré d’amélioration drastique mais pas d’affaissement non plus…les anticipations d’inflation à 1 an (mesurées par l’université du Michigan) se redressent depuis quelques mois.
Le discours de Janet Yellen la semaine dernière devant le Congrès a également laissé la porte ouverte à une (ou deux) hausse de taux avant la fin de l’année. En indiquant notamment que commencer à relever les taux plus tôt permettait un rythme de relèvement plus graduel ensuite, tout en n’éludant pas la question grecque ou chinoise mais en estimant que ces problèmes n’étaient « pas nouveaux ».
Au cours de cette intervention, Yellen est restée confiante sur une poursuite de la hausse des salaires même si elle a souligné certaines faiblesses persistantes du marché du travail. Malgré tout, elle estime que les «perspectives augurent de nouvelles améliorations du marché du travail et de l’économie en général ». Difficile dans ce contexte d’écarter une hausse de taux en septembre…
Enfin, James Bullard, un des faucons de la FED a estimé lundi qu’il y avait plus de 50% de chance que la FED augmente ses taux en septembre, écartant toutefois une hausse dès le mois de juillet.
Dernier élément de taille : le comportement de l’or ces derniers jours. L’or a baissé pendant la phase aigüe de la crise grecque (de 1200$ l’once mi-juin à 1150$ quelques jours avant l’accord) et n’a donc pas bénéficié de l’aversion au risque globale générée par la situation. L’or est un outil de couverture contre l’inflation : son comportement ces dernières semaines, au-delà des révélations de la Chine sur l’ampleur réelle (décevante) de ses réserves, traduit les craintes des investisseurs de voir la FED remonter ses taux dans un contexte d’inflation relativement neutre.
Seul paradoxe de cette situation : la hausse des marchés actions qui ont profité de la détente sur la Grèce et écarté (pour l’instant) les « risques » liés à l’augmentation de taux de la FED. Une petite phrase de Yellen la semaine dernière oblige cependant à la vigilance : « la FED n’a pris aucune