La Fed baissera t’elle bien ses taux comme les marchés l’anticipent depuis plusieurs mois ? De quelle ampleur sera cette baisse de taux ? Quelle communication accompagnera une éventuelle intervention de la Fed ? Comment réagiront les marchés ?
Quel message va délivrer la Fed sur la baisse des taux ?
La réponse à toutes ces questions interviendra mercredi soir pour l’une des réunions les plus attendues de la banque centrale américaine. Donald Trump s’est déjà prononcé sur Twitter lundi : il estime que la Fed fera « trop peu » par rapport à la BCE et la banque centrale chinoise.
Mais c’est surtout la réaction des marchés qu’il faudra surveiller. Après un nouveau discours très accommodant de Jerome Powell début juin, ces derniers ont définitivement intégré l’hypothèse d’une baisse de taux de 0.25% lors de la réunion de juillet. Mais c’était sans compter sur l’intervention médiatique d’un autre membre de la Fed, John Williams, qui pendant quelques heures mi-juillet, a rendu les marchés euphoriques, les laissant envisager une baisse de taux de 0.50%. Il a déclaré qu’il était « préférable de prendre des mesures préventives » plutôt qu’attendre qu’un « désastre se produise » … Les probabilités pour une baisse de taux de 0.50% ont grimpé dans la foulée à plus de 60% avant qu’un porte-parole de la Fed de New York ne clarifie les propos de John Williams, indiquant qu’il s’agissait d’un « discours académique » et pas d’une projection sur les intentions de la Fed. Les probabilités pour une baisse de taux d’une telle ampleur sont depuis retombées à 20%.
Pour que les indices enchaînent de nouveaux records, la Fed va devoir délivrer un message particulièrement accommodant sans toutefois inquiéter sur les perspectives économiques. Et c’est là qu’est la difficulté : les derniers chiffres de la croissance américaine traduisent certes un ralentissement par rapport au premier trimestre mais n’indiquent pas d’affaissement brutal de l’économie. L’indice de surprise économique américain, qui traduit le niveau des données économiques par rapport à un consensus, s’est même redressé depuis fin juin. Même s’il reste quelques publications, la saison des résultats trimestriels pour les entreprises américaines a également été globalement positive.
Les taux 2 ans et 10 ans ont baissé depuis novembre 2018
Difficile dans ce contexte d’imaginer une Fed mettant en place des opérations de grande envergure, sachant qu’elle brûlerait des cartouches en cas de ralentissement plus sévère de l’économie dans les mois à venir. Dans une situation économique plus fragile qu’aux États-Unis et malgré un discours très accommodant du président de la BCE il y a quelques jours, les marchés n’ont pas trouvé de nouvelle raison d’accélérer à la hausse… On peut donc se demander ce qui les pousserait à le faire face à une Fed qui n’a pas de raison d’être très accommodante.
Il est également nécessaire de considérer l’évolution des taux américains ces derniers mois. Le taux 2 ans est passé de près de 3% en novembre 2018 à 1.7% en juin, le taux 10 ans étant également passé de plus de 3.2% en novembre à moins de 2% en juillet, créant implicitement les effets de plusieurs baisses de taux.
Même James Bullard, un des membres les plus « colombes » de la Fed, juge qu’une baisse de 25 points de base seulement est nécessaire…
Dans ce contexte à enjeux, les indices américains sont venus se positionner sur des niveaux techniques importants. Le SP500 est revenu ces dernières heures au contact d’une zone de résistance oblique passant par les deux sommets précédents de 2018. Sachant qu’il a déjà testé cette résistance mi-juillet, ce second test à quelques jours d’intervalle revêt un caractère plus engageant : un échec à accélérer au-dessus de ce niveau après la Fed et nous pourrions assister à la formation d’un sommet de moyen-terme.
L’exercice auquel va se livrer la banque centrale américaine et son président est particulièrement délicat, entre pression politique d’un côté et situation économique de l’autre. Les marchés achètent les propos accommodants des membres de la Fed et de son président depuis janvier, une décision minimaliste suivie d’une conférence sans relief deJerome Powell pourraient donc rapidement ressembler à un « sell the news » pour les marchés.