La Française des Jeux manipule-t-elle la chance ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 27 mai 2013 à 9h00

Le hasard peut-il être manipulé, et si oui, la Française des Jeux use-t-elle d'artifices pour vendre ses produits tout en faisant beaucoup de marges ? Pour Robert Liblet, ingénieur à la retraite autodidacte, les faits sont là : dans un rouleau du jeu Black Jack, une fois que le billet gagnant a été trouvé, tous les autres sont forcément perdants et la Française des Jeux et les buralistes le savent mais continuent à les vendre en fermant les yeux.

Robert Liblet va tenter une véritable révolution au tribunal de grande instance de Nanterre : prouver sa théorie qui dit que la Française des Jeux manipule la chance. Il n'en est pas à son premier coup contre la société qui a déjà perdu un procès en diffamation contre lui.

Les jeux à gratter sont une véritable aubaine financière, en particulier en période de crise où l'espoir de gagner des grosses sommes attire les clients comme des mouches. Une réalité qui se remarque lorsqu'on regarde les résultats de la FDJ, en constante croissance.

Le chiffre d'affaires de la société a augmenté de 8,5 milliards d'euros en 2004 à 12,1 milliards d'euros en 2012. Et entre 2010 et 2012, le bond a été de presque 2 milliards d'euros. De quoi faire tourner des têtes.

Parmi tous les jeux de la Française des Jeux, Robert Liblet n'accuse que les jeux à gratter, réunis aujourd'hui sous la marque Illiko. En 2012, cette catégorie de jeux représente 5,4 milliards d'euros de ventes soit 44 % de l'ensemble des ventes de la FDJ. Leurs prix bas et leurs promesses de gains ont attiré des foules en 2012 avec une progression des ventes de 7,5 % par rapport à 2011, un record.

Mais pour Robert Liblet, il y aurait une sorte de fraude derrière ces jeux. Un soupçon qui est né en 2001 lorsqu'il remarque un fait étrange dans son bar PMU : après l'achat, par un client, d'un rouleau entier de tickets du jeu Black Jack, un des plus populaires, il voit le buraliste ranger le rouleau en question. Puis il en sort un nouveau et tout recommence.

Pour lui, le buraliste et le client auraient trouvé ce qu'on appelle une « martingale », une technique qui permettrait de « fausser le hasard » en appliquant des règles mathématiques. Une des martingales les plus connues, bannie d'ailleurs des tables de roulette au casino, est celle de miser toujours sur le rouge ou le noir en doublant à chaque fois sa mise.

Robert Liblet décide alors de comprendre et réalise une véritable expérience sur les jeux à gratter. Après 33000 euros de dépensés dans quelques 1500 bars de France, il analyse les résultats de cette recherche. Il en conclut que dans les rouleaux, un seul ticket ne permet de gagner un lot de 20€ ou plus. Les autres tickets sont donc perdants ou ne comportent que des petits lots de consolation.

Pourtant, et c'est là le nœud de la question, la FDJ vend toujours ces tickets comme pouvant contenir le gros lot. Il décide alors de prévenir la FDJ et reçoit en retour une réponse qui l'étonne : un courrier avec des menaces de poursuites. De quoi lui faire penser que la FDJ est non seulement au courant, mais que tout cela est bien volontaire.

Robert Liblet n'espère même pas gagner le gros lot contre la FDJ puisqu'il n'a pas fixé le montant des dommages et intérêts qu'il réclame dans son assignation. L’ingénieur est surtout dans une démarche scientifique et citoyenne.

Dans quelques semaines, le verdict du TGI nous donnera le fin mot de cette histoire.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio