Il n'y a pas de pilote de l'avion, ou plutôt il n'y a pas d'avion sans pilote en France. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, estime que la France "a raté le rendez-vous des drones". Il a fait cette déclaration alors que l'armée française va acheter aux Américains deux drones. Ces engins militaires serviront à des missions de renseignement et de surveillance aérienne, notamment au Mali. Mais d'après les experts, ils peuvent aussi se transformer en engins armés capables de tuer s'ils sont réaménagés. Les Américains parlent d'ailleurs d'« assassinats ciblés », visant par exemple des dirigeants d'Al-Qaïda ou d'autres mouvements terroristes.
Actuellement, seuls deux pays au monde sont capables de construire des drones : les Etats-Unis et Israël. Des négociations sont d'ailleurs en cours pour en acheter à Israël. La France possède déjà quatre drones d'observation, qui ont notamment servi en Afghanistan. Mais le récent Livre Blanc de la Défense recommande d'en acheter douze, pour réduire notamment la dépendance de l'armée française vis à vis des renseignements récoltés par les drones américains.
Comment le pays du Rafale a-t-il pu louper le coche et échouer à fabriquer cette technologie d'armement de pointe ? En raison d'"un mélange d'aveuglement stratégique et de rivalités industrielles" d'après Libération qui rapporte des propos du ministre. Il aurait fallu en effet que les industriels français, au premier rang desquels figurent Dassault Aviation et EADS, travaillent de concert. Mais ils ont jusque-là échoué à mettre en œuvre une partition commune, alors que la fabrication de drones à l'étranger a commencé dès les années 1990. Pour Jean-Yves Le Drian, Paris ne peut se permettre d'attendre dix ans de plus que nos champions industriels se décident enfin à agir ensemble.
Au grand dam d'Eric Trappier, PDG de Dassault, qui a jugé bon de rappeler que les industriels européens disposent de la technologie, mais qu'ils attendent toujours le lancement d'un programme européen !