Au fil des articles précédents nous avons vu que le marketing politique devenu hyper puissant et omniprésent, en remplaçant les affrontements idéologiques d’hier par la guéguerre des looks, en dépassionnant le plus possible les enjeux, en faisant prédominer le spectaculaire sur le doctrinaire, en fabricant des robots à l’apparence cosmétisée capables de répondre à (presque) tout et aussi en nous poussant à voter plus pour l’image d’une personne que pour des idées a fini par dépolitiser la politique.
Comme si dans un monde pourtant unanimement reconnu de plus en plus complexe, des solutions simplistes, telles l’appel à la symbolique ou la personnalisation du pouvoir pouvaient résoudre quoi que ce soit. Comme s’il suffisait de quelques déclarations sur un sujet pour donner à penser que la question qu’il pose sera rapidement réglée. Comme s’il suffisait d’escamoter les difficultés pour qu’elles disparaissent. Ce doit être çà la pipolisation de la politique, des effets de tréteaux assortis de quelques slogans d’estrade plutôt qu’un travail sur les idées. Des effets longtemps relayés par les seuls médias spécialisés, à la façon des tabloïdes anglo-saxons, mais dont s’emparent maintenant quelques-uns des médias jusqu’ici réputés sérieux. Quel progrès politico-journalistique !
Quoi qu’il en soit, nous voilà dans une bien curieuse situation, une sorte de logique inversée : alors que la communication devrait découler d’une pensée stratégique politique, c’est la communication qui se met à façonner la politique. En conséquence de quoi, par ses excès auprès de l’opinion, là où il devait aider à réussir le marketing électoral pourrait maintenant faire échouer. Ou pour le moins, il pourrait conduire au match nul, au propre comme au figuré. Une fois encore le constat s’impose de lui-même, avec les excès du marketing nous voilà bien avancés !
Aussi les femmes et les hommes politiques vont devoir comprendre que pour séduire l’opinion, la mise en spectacle et la communication si elles ne sont jamais des détails, sont cependant loin de tout faire. Un bel « emballage com » ne va plus suffire longtemps. « Les politiques » vont devoir écouter vraiment ce que leur disent les électeurs en boudant les urnes : Renouvelez votre façon de faire de la politique, écoutez-nous et tenez-en compte ! Arrêtez de nous « faire du oui » alors que nous avons voté non, ou l’inverse. Ils vont devoir oublier l’absolutisme, même celui ordinairement tempéré par la démocratie sondagière pour revenir au débat d’idées, fondement de la vie de la citée.
Et si par extraordinaire, ils ne le font pas parce que leur cœur les y porte, ils le feront par intérêt. Peut importe. L’essentiel n’est-il pas de gagner en charisme, en sérieux, en proximité et en compétence dans la gestion des affaires publiques ?