L’évolution démographique modifie petit à petit les générations en France et dans le monde

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Par Daniel Moinier Publié le 4 octobre 2021 à 5h51
France Natalite Chute Naissances Population
@shutter - © Economie Matin
0,3%La population française, en 2020, a augmenté de 0,3%.

Un grand démographe est à l’origine de l’étude de l’évolution des populations : Alfred Sauvy (1898-1990) Il est considéré comme le père de la démographie opérationnelle française et mondiale. C’était un polytechnicien non universitaire, créateur de l’INSEE et de l’INED (Institut National d’Etudes démographiques). Il était surpris que le Front Populaire de l’époque n’eût aucun chiffre à sa disposition pour gérer l’économie et analyser l’évolution de la population.

La démographie est une science qui est indispensable pour gérer correctement une nation, surtout dans ses prévisions futures mais aussi par comparaison avec les autres pays et particulièrement ceux qui sont les plus influents.

Il donne un premier exemple : Une population qui augmente de 2% par an ne dit pas grand-chose au public. Et pourtant cette évolution apparemment anodine, bouleverse totalement une nation : La population est multipliée par huit en un siècle, 40 en deux siècles. C’est le cas de l’Egypte : 25 millions d’habitants selon le recensement lancé par Napoléon en 1800 et maintenant 100 millions d’habitants. Si la France avait suivi la même évolution nous serions bien plus de 800 millions !

Cette évolution démographique est lente mais complètement irréversible.

La puissance d’un pays tant économique que militaire est liée à l’importance de sa population. Comme les Etats-Unis, l’URSS avant, maintenant la Chine, demain peut-être l’Inde et d’autres pays tel l’Indonésie 270 millions d’habitants, le Nigéria 250 millions, tous deux de confession islamique. Ce terme puissance peut s’entendre au sens positif mais aussi se défendre en cas de besoin.

Avec un indice de fécondité de 2,1 par femme, c’est la garantie d’une stabilité de la population (Si la mortalité reste identique).

Si l’on prend un taux de 6,3 par femme, (C’est encore le cas de certains pays africains) soit le triple nécessaire pour le renouvellement, chaque génération serait le triple de celle d’avant. Il y aurait trois fois plus de parents et donc d’enfants. Pour revenir au niveau d’avant, il faudrait instantanément que la fécondité soit divisée par trois. Mais la population augmenterait encore très sensiblement par l’augmentation de la durée de vie (qui était faible).

Une bonne partie des pays d’Afrique était à ce niveau il y a quelques années, mais encore en cours pour certains.

A l’autre extrémité, un pays comme l’Allemagne avec un taux de 1,5, les générations ne sont remplacées qu’aux deux tiers, donc diminuent de plus de moitié (2/3 X 2/3) en deux générations. Ce qui est très grave car ces générations creuses doivent supporter un nombre très important de plus âgés, nés à une époque où les générations étaient très fécondes. En France après 1945, il y avait 6 cotisants pour 1 retraité, aujourd’hui c’est 1,4 pour 1. En restant sur le même cycle, en moins de 20 ans ce sera 1 pour 1, soit cotiser seul pour sa retraite !!! C’est à dire augmenter les cotisations de 40% sur salaire (hors cadre) soit un taux de près de 30% ! Ce qui produirait une forte baisse de revenu et par ricochet de consommation, de travail pour les entreprises, et donc plus de chômage, etc…,

Ces évolutions, sauf loi de génie, sont pratiquement irréversibles. Pour inverser le sens, il faudrait une forte natalité qui dure plus de 20 ans et malgré tout, il faudrait des départs à 65 ans pour reconstituer toute la population active !

Les plus anciens sont mathématiquement plus nombreux à mortalité constante, mais pire puisque que leur durée de vie augmente. C’était 8 heures de plus par jour il y a une vingtaine d’années mais encore 7 heures par jour actuellement hors Covid.

Les Allemands ont trouvé provisoirement la parade en intégrant un nombre conséquent d’immigrés, pour combler la demande de main-d’œuvre des entreprises même si une partie de la population est choquée par la différence de culture de ces arrivants.

Cette Allemagne depuis quelques décennies ne tient que par l’apport de migrants, en premier les Russes d’origine allemande, puis d’Italiens, de citoyens d’Europe de l’Est et des Balkans. Ensuite ce sont les Turcs arrivés en grand nombre et les derniers, les Syriens depuis le conflit au Moyen Orient. Ce mélange est devenu très compliqué, à tel point que des mouvements politiques refont surface dû au rejet d’une partie du peuple qui n’accepte plus cette mixité.

Ce sont les Américains avec le soutien de l’ONU, qui ont inventé la transition démocratique, modèle qui aujourd’hui, semble dépassé. En pensant également que la fécondité ne pourrait jamais descendre en dessous de 2,1 !

Depuis l’Empire romain un des fondateurs de l’Occident, les pays ont toujours été en proie aux modifications de population. Ceux-ci ont eu une baisse de population comblé un temps par les barbares. Puis l’invasion des Huns d’Attila, stoppés par les Wisigoths, les Francs et les Vandales plus au sud. Ils ont tous subit un effondrement démographique, cause du développement du christianisme.

Au milieu du Moyen-Age c’est la France qui démographiquement devient le pays fort de l’Europe, développant une agriculture devenue suffisante pour nourrir tout le pays. L’apogée démographique se situant sous Louis XIV et même partiellement sous Napoléon, alliée toutefois à des contingents étrangers.

La France comme l’Angleterre avec leur empire coloniaux étaient très respectés. Mais les Anglais nous en ont dépecé une grande partie en un siècle, réduisant ainsi nos ambitions hégémoniques. Depuis cette époque la fécondité française n’a pas arrêté de se détériorer. Les guerres de 1870 et 1914 sont en partie à l’origine de cette cause et même celle de 1940.

Dans les années 1830, tous les pays où nous sommes passés ont eu une démographie bien supérieure. L’Egypte était à 2,5 millions d’habitants, l’Algérie avait environ 3 millions d’habitants et l’Afrique francophone noire était très peu peuplée. En comparaison la France n’avait que 29 millions. Aujourd’hui malgré une forte fécondité d’après guerre, elle n’est qu’à 67 millions d’habitants, l’Egypte 100, l’Algérie 45, l’Afrique francophone à 200 !

En plus de cette baisse, l’Europe s’est aussi partiellement dépouillée au détriment de l’Amérique du Nord et du Sud, de l’Afrique noire francophone, de l’Australie, de la Nouvelle Zélande.

Les pays avec la plus forte natalité se trouvent encore actuellement en Afrique subsaharienne, Palestine, Afghanistan, Haïti…

La baisse de natalité devient catastrophique en Asie de civilisation chinoise (Corée du Sud, Singapour, Japon, Taïwan et Chine) mais aussi en Europe orientale et balkanique y compris du Sud.

Les politiques ne se sont guère souciés de ce déclin démographique « après moi le déluge ». Il était plus facile d’augmenter les prélèvements et puis de créer des aides sociales pour garder un rang honorable au niveau du taux de pauvreté. Combien de fois ai-je entendu dans les conversations que la France avait moins de pauvres que l’Allemagne et l’Angleterre avec ces taux maquillés par des petits boulots. Dans ces deux pays les aides sont beaucoup moins importantes et il y a beaucoup plus de salariés avec des salaires assez faibles. Par contre le chômage est beaucoup moindre. Pour une personne est-ce mieux ou plus estimable et respectable de travailler que de rester chez soi à ne rien faire et vivre aux crochets des autres ? l’honneur n’existe plus !

La baisse généralisée de la fécondité et le vieillissement de la population est en plus accentuée par le progrès sanitaire qui a fortement augmenté la durée de vie. En France nous avons gagné 23 années depuis 1945. Dans les pays à forte fécondité, l’augmentation reste encore faible, par contre dans les pays du Nord, c’est plus de 20 à 25% de hausse. Le pays qui a le plus fort vieillissement c’est le Japon. Certains salariés sont obligés de travailler au-delà de 80 ans pour obtenir une retraite correcte. Sinon ils doivent partir aux Philippines, pays à faible pouvoir d’achat.

C’est la Chine qui aura le plus important problème démographique à régler. Beaucoup d’enfants doivent déjà nourrir leurs parents et même parfois leurs grands-parents faute de retraites suffisantes. Les retraites n’étant pas encore généralisées.

En Europe, cela deviendra critique, car les retraités de certains pays n’auront pas assez de revenu pour vivre. Il pourrait être demandé à des pays comme la France, l’Allemagne de verser à ces pays une partie des ressources des caisses de retraites !

La démographie et l’immigration commencent fortement à peser sur les politiques

Les Etats-Unis qui étaient à 90% de population blanche en grande partie d’origine européenne et chrétienne, ne se renouvelle pas. Elle est de plus en plus grignotée par la population Noire, Asiatique et Latinos bénéficiant d’une forte immigration.

Les pays arabes ont vu aussi leur population augmenter même si elle a tendance également à se restreindre. Par contre l’Islam dans le monde n’a pas cessé de grignoter le « monopole » du christianisme.

Evolution des religions dans le monde.

Les cinq principales religions mondiales sont le Christianisme avec 2,2 Mds de personnes, la 2ème l’Islam 1,6 Mds, le 3ème l’Hindouisme 1 Mds, le 4ème le Bouddhisme 500 millions, le 5ème le Judaïsme 14 millions.

La seule religion qui progresse est l’Islam avec une projection de 30% de hausse à terme, dépassant ainsi le Christianisme.

En France, nous avons une très forte immigration et augmentation de l’Islam avec les Marocains, Tunisiens et surtout depuis 1962 avec l’arrivée des Français d’origine algérienne. Le droit du sol et le regroupement familial ayant favorisé encore plus cette augmentation. Depuis ce sont les immigrés venant du centre de l’Europe, de la Turquie, de la Syrie, d’Afghanistan, et d’autres pays du moyen orient, y compris de l’Afrique Subsaharienne, des Nigériens, Erythréens, Somaliens et autres s’étant convertis à l’Islam, qui bouleversent l’ordre démographique et religieux établi.

La proportion augmente en raison d’une fécondité de la population islamique encore bien supérieure au français d’origine, ce qui perturbe la vie des autochtones et anime fortement les joutes politiques attisées par l’arrivée de l’élection présidentielle de 2022.

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.