Les jeux sont faits pour MyFerryLink, la société de transport maritime fondée en 2012 par Eurotunnel : elle sera vendue. En grande partie à cause de la dernière décision de l'Autorité de la Concurrence britannique qui pointe du doigt une situation de quasi-monopole au niveau du trajet France/Royaume-Uni. Eurotunnel cherche donc un repreneur ; et elle est confiante.
Position dominante sur la traversée de la Manche
La décision de justice n'est pas extrêmement étonnante bien que malheureuse pour MyFerryLink : fondée en 2012 par Eurotunnel qui avait alors racheté trois ferries à la compagnie SeaFrance en faillite, elle complétait l'offre de franchissement de la manche d'Eurotunnel.
Sauf qu'Eurotunnel a déjà le monopole de la traversée de la manche en train en exploitant le seul lien ferroviaire entre la France et le Royaume-Uni : le tunnel sous la Manche. En ajoutant à son offre une offre de ferries Eurotunnel se trouve donc en position bien trop importante.
Ainsi, après une bataille judiciaire de plus de deux ans, l'autorité de la concurrence britannique a confirmé la décision de justice interdisant à MyFerryLink l'accès au port de Douvres en Angleterre. MyFerryLink se trouve donc dans l'impossibilité de terminer ses traversées et Eurotunnel contrainte à vendre.
Repreneur ou pas repreneur pour MyFerryLink, telle est la question
La décision de l'autorité de la concurrence britannique pose un problème majeur en France puisque sur les 600 employés de l'entreprise pas moins de 530 sont basés en Hexagone. La fermeture de la compagnie entraînerait donc encore quelques chômeurs de plus.
Une situation que le gouvernement ne pourrait pas supporter, surtout politiquement. Du coup Alain Vidalies, secrétaire d'Etat aux Transports, a organisé une réunion avec les représentants de MyFerryLink pour cette semaine du 12 janvier 2015... tout en critiquant fortement la décision de la justice de Sa Majesté.
Mais de son côté Eurotunnel reste confiante : MyFerryLink, bien que déficitaire, avait réussi à capter 10% du trafic maritime entre la France et le Royaume-Uni et pourrait atteindre l'équilibre budgétaire en 2015, ce qui rendrait la société intéressante pour les repreneurs potentiels.
Et si la justice française mettait son grain de sel ?
MyFerryLink est donc potentiellement rachetable... mais il y a un hic : une décision de justice de 2012 du tribunal de Paris qui interdit à Eurotunnel de revendre « avant 5 ans » les ferries rachetés à SeaFrance... soit avant 2017.
Si cette décision s'applique, MyFerryLink risque de ne pas pouvoir être vendue. Toutefois, selon Eurotunnel, cette décision de justice française pourrait être caduque dans le cadre de la vente de toutes les activités estimant qu'elle ne s'applique que pour la vente des bateaux seuls.
Et peut-être que le gouvernement fera de son mieux pour arranger les choses... avant que MyFerryLink ne se transforme en un nouveau « Florange ».