Le journal le Monde titrait hier, « l’euro atteint la parité avec le dollar, une première depuis sa mise en circulation ». (source ici)
Pour le quotidien français de référence, « la monnaie unique européenne est plombée par le risque de coupure des approvisionnements russes en gaz pour l’Union européenne » et de poursuivre:
« Le marché s’inquiète d’une crise énergétique majeure sur le Vieux Continent, doutant du rétablissement, par la Russie, des flux de gaz après une interruption pour maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1. Cette situation accentue les craintes de récession en Europe.
L’énergie en provenance de Russie « est au cœur de la tourmente en Europe » et l’annonce, par le Canada, samedi, qu’il restituerait à l’Allemagne des turbines destinées au gazoduc Nord Stream pour atténuer la crise énergétique avec la Russie « est sans impact positif », commente Jeffrey Halley, analyste chez Oanda ».
Et si les problèmes énergétiques n’étaient pas du tout la cause de cette chute de l’euro ? Ceci expliquerait du coup le fait que la restitution des turbines par le Canada à l’Allemagne n’ait aucun effet sur les cours de l’euro qui poursuivent leur chute.
La question reste entière.
Qu’est-ce qui pousse l’euro à la baisse alors ?
J’ai une petite théorie à partager avec vous.
C’est une attaque des marchés !
Les marchés n’attaquent pas la dette de chaque pays européens !
Ils font mieux.
Ils attaquent directement l’euro en entier sans prendre pour cible spécifiquement tel ou tel pays de la zone euro qui serait plus fragile par exemple.
En fait nous sommes en train de revivre une crise de l’euro, mais contrairement à celle des années 2010/2012, pour le moment elle n’affecte que très partiellement les dettes souveraines et le marché obligataire. Cela viendra sans doute, mais dans un second temps.
Pourquoi attaquer l’euro alors ?
Parce qu’en réalité on ne joue pas contre une banque centrale sauf à prendre le risque de perdre sa chemise et que chaque crise est toujours un peu différente.
La BCE sait et a montré qu’elle pouvait racheter des obligations d’Etats de la zone euro. Elle le ferait à nouveau si cela était nécessaire, même dans l’urgence. Si vous spéculez contre la dette italienne et que la BCE intervient, vous vous retrouverez avec une perte obligataire. Inutile donc d’attaquer sur ce front… pour le moment s’entend !
Il faut profiter des points faibles de l’armure de la Banque centrale européenne et le point faible est simple.
C’est l’euro lui-même.
Pourquoi ?
Parce que si la BCE peut acheter des obligations de tel ou tel pays, elle ne peut pas… monter ses taux d’intérêt de manière significative trop rapidement.
Les marchés jouent donc le différentiel de taux entre les Etats-Unis et l’Europe et très clairement l’avantage est au dollar. Les USA pourront aller plus haut et plus vite dans la remontée des taux que l’Europe.
Second point, l’euro peut exploser pas le dollar puisque l’intégration européenne n’est pas encore aboutie et terminée.
Troisième point, la guerre se joue comme à chaque fois sur le sol européen mais pas sur le sol américain. Si vous avez beaucoup d’argent et que vous avez peur d’une extension du conflit mieux vaut avoir son argent aux Etats-Unis et en dollars, qu’en Ukraine et en euros !
On visualise particulièrement la chute de l’euro sur ce graphique depuis un an.
En termes d’analyse technique, il n’y a pas franchement de niveau « support » et de « résistance » ce qui veut dire que le potentiel de baisse de l’euro est toujours d’actualité.
Plus l’euro baisse, plus l’inflation en zone euro va augmenter en raison de la hausse des prix impliquée par la hausse du dollar pour tous les produits que nous importons, à commencer par le pétrole que nous achetons en dollars ! Quand le billet prend 20 % en un an, chaque litre de carburant est 20 % plus cher en euros rien qu’en raison des conséquences de l’effet de change défavorable.
Cette chute de l’euro creuse donc les déficits commerciaux, mais renforce également une inflation déjà élevée.
Les marchés sont en train de tester la détermination de la BCE à augmenter les taux, et plus que sa détermination, les possibilités de la BCE d’augmenter les taux sans provoquer l’insolvabilité de tous les Etats européens et notamment ceux du sud qui croulent sous les dettes.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !